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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
8 décembre 2011

DICTATURE INCULTE ET ARTISTES TOGOLAIS EN DANGER.

DICTATURE INCULTE ET ARTISTES TOGOLAIS EN DANGER. LE CAS TOGAN 

 

Je ne connais pas personnellement l’artiste comédien Togan et ne l’ai jamais rencontré. Face à l’incurie irresponsable voire criminelle d’un soi-disant «ministre» de la culture, l’intellectuel se trouve dans l’obligation d’user de son pouvoir tribunitien pour exprimer son indignation et attirer l’attention de toute la communauté sur un cas flagrant de non-assistance à personne en danger.

Un drame douloureux a défrayé la chronique au Togo durant toute l’année 2011. Il s’agit de la grave maladie qui a invalidé l’artiste comédien Togan, vedette du feuilleton télévisé «Nubueke» diffusé par la chaîne RTDS. Suite à une grave pathologie, il a dû être opéré pour que les chirurgiens l’amputent d’une partie importante de la mâchoire inférieure. Une opération en appelant une autre, Togan doit, dans une seconde étape, subir une opération de plastie faciale en France pour la reconstitution de sa mâchoire afin qu’il puisse parler et que son visage retrouve une apparence humaine.

Si Togan avait été footballeur, le gouvernement, dans un élan démagogique avec force médiatisation, l’aurait pris en charge et évacué dans le meilleur hôpital à l’étranger. Le pouvoir inculte qui terrorise les Togolais connaît-il seulement ses artistes, ceux qui font l’honneur d’un pays couvert de honte par sa gouvernance moyenâgeuse? La longue litanie des «ministres» éphémères de la culture ont été pour la plupart des bouche-trous que le pouvoir militaire s’est senti obligé de caser au nom de la politique de la mangeoire nationale: le partage de la soupe au sommet. Même s’ils n’ont jamais lu un livre de toute leur vie! Tant pis pour les Togolais!

La galère des artistes togolais est un sujet de scandale permanent. Aucun soutien de l’État qui les méprise copieusement tout en se méfiant d’eux. Ceux qui aident le peuple à réfléchir ont toujours fait peur aux régimes policiers dont l’un des piliers est le mensonge d’État.

Dans la situation pénible de Togan, de simples citoyens ont dû le prendre en charge en se constituant en comité de soutien afin de susciter des dons pour la première opération à Lomé. La seconde, beaucoup plus onéreuse, qui doit se dérouler en France, donne lieu à des communiqués désespérés d’appel aux dons depuis plusieurs longs mois sur les médias.

Tout ce remue-ménage se passe dans l’indifférence totale d’un certain Yacoubou Hamadou, ministre de la culture invisible, inconsistant et incompétent et dont la capacité d’empathie mérite réflexion. Aux représentations théâtrales, aux expositions d’arts plastiques, aux ballets, aux dédicaces de livres, aux conférences et autres manifestations culturelles, point de ministre. Aucun Hamadou à l’appel. Inconnu au bataillon! Cette existence par le vide semble être la norme des divers ministricules qui furent en charge de la culture.

Il est même arrivé à plusieurs reprises à des artistes et des hommes de culture rendant visite à un nouveau ministre de la culture coopté à la mangeoire, de s’entendre dire: «Apprenez-moi ce qu’il faut faire, je ne connais rien dans le domaine de la culture». C’est comme si le pouvoir inculte destinait ce ministère aux cancres de la classe politique. C’est avec beaucoup d’inquiétude que nous constatons la portion congrue réservée à la culture dans le budget national. Quelques miettes. Sur le terrain de la culture, l’on ne fait pas semblant, car le vide ne se remplit pas de discours creux et débiles. La béance n’en est que plus accentuée quand les Togolais ont l’occasion de comparer la politique culturelle de leur pays avec celles des voisins du Burkina Faso, qui proclament que la culture est leur pétrole; du Bénin, du Ghana, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire.

La question mérite d’être posée: à quoi servent nos ministres de la culture? À l’époque où ce ministère était couplé avec le sport, l’essentiel des fonds allait au sport ou plus précisément au football, aux Éperviers du Togo régulièrement déplumés par leurs adversaires et qui arrivaient difficilement à enchaîner deux passes successives durant tout un match. Malgré le fiasco du football, tous les fonds continuent à lui être destinés au détriment du handball, du basketball, du ping-pong et d’autres sports qui représentent honorablement le Togo à l’étranger. Hélas, ils ne sont pas suffisamment médiatisés pour que la dictature puisse en faire une récupération politique. Affaire d’image.

Il faut donc fermer le ministère de la culture puisqu’il ne sert à rien avec des ministres complètement inutiles qui grèvent le budget national avec leurs gros salaires et leur entretien onéreux par les contribuables qui les nourrissent, les véhiculent, les logent, les torchent et les blanchissent à l’œil. Ce parasitisme ministériel est un scandale dans un pays où la plupart des habitants, du fait de la gouvernance lumineuse et géniale du clan militaire Gnassingbe, ont délaissé les trois repas quotidiens réglementaires pour s’infliger un régime minceur drastique avec un repas par jour pendant que les voleurs de la république, bedonnants comme des hippopotames, se soûlent au champagne rosé millésimé en ripaillant avec de la viande de brousse et des courtisanes aux fesses molles et aux reins accueillants. Même les pets fétides qu’ils lâchent en vibrato dégagent des relents de champagne. Akpatcho, oyé!!!

N y a-t-il pas confusion entre la culture et les mœurs florentines quand des États africains, presque tous membres des PPTE (Pays pauvres très endettés), s’érigent, d’après les statistiques, en principaux importateurs de champagne français dans le monde? Ce que le cerveau lent des kleptocrates n’arrive pas à piger, c’est le fait que l’importation massive d’armes de guerre et de champagne n’a jamais fait d’un pays sous-développé un pays émergent.

Si cela avait été le cas, nous disposerions d’hôpitaux ultramodernes pour nous soigner et il ne serait plus question d’évacuation sanitaire à l’étranger après un demi-siècle d’indépendance. Les chefs d’État africains, dans leur extrême ignarerie, n’ont jamais compris cette vérité fondamentale puisqu’ils continuent à mourir dans des lits d’hôpitaux à l’étranger, toute honte bue, voire dans l’avion qui les évacue pour l’étranger. Suivez mon regard. On se demande même si on ne les aide pas à mourir à l’étranger.

Togan est victime d’une situation d’incurie tout comme des milliers de citoyens lambda qui meurent chaque année la bouche ouverte, dans une sorte de protestation aphone, faute d’argent pour se soigner, comme des chiens crevés au fil de l’eau. S’il n’avait pas été célèbre, ferait-il encore partie des vivants? Si le ministère de la culture veut redorer son blason de souillure, il doit trouver immédiatement les fonds pour l’évacuation sanitaire, les soins et l’hébergement de Togan. Le temps lui est compté. Un simple conteneur de champagne millésimé coûte cent fois plus cher que les frais requis pour soigner l’artiste Togan.

Le prix d’importation d’une limousine de luxe dernier cri par le gouvernement suffirait à ressusciter les Nouvelles Éditions Africaines (NEA) fermées pour mauvaise gestion par les RPToches de service depuis plus d’une décennie et dont le stock de livres est abandonné à l‘appétit des rats et des cancrelats dans un débarras sordide et humide. C’est du vandalisme!

Ces gens voudraient-ils anéantir la culture qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Ne sont-ce pas les mêmes individus déhontés qui ont dansé frénétiquement le zoblazo et le cool katché avec des cris d’orfraie, des pirouettes et des sauts de cabri pour avoir été admis au sein des PPTE en 2008 pour mauvaise gouvernance et faillite? Décidément, notre pays marche sur la tête.

Les Togan, totalement démunis et sinistrés par une misère sans nom, sont des millions dans notre pays, jusqu’aux fonctionnaires de l’État sans oublier les retraités, les veuves et les orphelins clochardisés. Même leur dignité leur est arrachée du fait qu’ils sont acculés à la mendicité. Les pratiques peu orthodoxes et dégueulatoires du régime prédateur, qui cultive avec un zèle rare le sous-développement du Togo, doivent nous inciter à la résistance en dépit de tous les chants de sirène de salopards trouduculiers, ex-faux opposants vendus à l’ennemi, qui s’acharnent sur les médias, en vuvuzélistes vuvuzélés, la bouche menteuse et sucrée, à présenter un tyran sanguinaire et putschiste comme un démocrate pur jus nourri à la mamelle de la démocratie. Et pourtant, chacun sait ce que vaut la vie humaine dans la dictature liberticide des Gnassingbe père et fils où l’on présente la torture comme un simple chatouillis exercé par charité chrétienne pour le bien des suppliciés ingrats.

La culture, c’est aussi le respect scrupuleux des droits de l’Homme qui sont une avancée majeure dans l’histoire de notre espèce. C’est un saut qualificatif prodigieux hors de la barbarie. Le droit à la santé de Togan est violé par l’État qui a l’obligation de lui venir en aide comme le stipulent tous les pactes et déclarations internationaux des droits de l’Homme dont le Togo est signataire. Nous sommes dans un cas de non-assistance à personne en danger.

L’outil de travail de Togan, c’est le verbe dont il et privé. C’est ici le lieu d’attirer l’attention des Togolais sur la situation dramatique de nombreux artistes qui sont obligés volens nolens de renoncer à leur métier qui ne les nourrit pas ou si peu, pour des jobs peu valorisants qui les éloignent de leur vocation. Le dilemme qui se pose à nombre d’entre eux se situe entre la misère au pays ou l’émigration en Occident. Le Togo perd ainsi ses meilleurs artistes depuis des décennies dans l’indifférence totale de ses dirigeants. La culture fait partie de l’éducation et en tant que telle doit être financée par l’État comme l’y invite la Constitution de la République.

Il faut sauver le comédien Togan. L’État doit prendre la relève des initiatives privées qui semblent avoir atteint leurs limites. Ce geste ne devra pas s’arrêter à Togan, il devra être le début d’une réflexion sur le statut des artistes, projet en discussion depuis plusieurs années et que le gouvernement s’acharne à ignorer, afin de les mettre dans les meilleures conditions pour l’exercice de leur métier et de les faire prendre en charge par la sécurité sociale en cas de maladie.

Le ministre en charge de la culture, s’il veut cesser d’être inutile, aura à cœur de mettre cette réalisation sur son bilan désespérément et honteusement vierge.

J’ai dit et je le répète: il faut sauver Togan!


Lomé, le 3 décembre 2011 
Ayayi Togoata Apédo-Amah

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