Ils étaient de plusieurs pays d'Afrique et même de l'Europe au Centre Culturel Elzenhof à Bruxelles le 12 février dernier, de 14 à 18 heures, pour rendre hommage à Cheikh Anta Diop et aussi Kwame Nkrumah, le père de l'indépendance du Ghana. Les invités à cette conférence organisée par le Cercle Kwame Nkrumah, ont tenu à effectuer le déplacement pour se souvenir, mais également pour perpétuer la pensée de ces illustres héros du continent Africain. Les thèmes de cette rencontre étaient: L'œuvre du Savant Cheikh Anta Diop. État de la recherche. Quelle(s) leçons(s) pour la jeunesse africaine? Et Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah : Deux hommes ; une même vison pour la libération et l'unification du continent noir

‘Il est temps de se ressaisir et d'examiner les thèses, hypothèses et recommandations énoncées par le professeur Cheikh Anta Diop, mais aussi de réfléchir concrètement à leur faisabilité’, souligne le Dr Souley Hassan (Niger), par ailleurs enseignant d'histoire et de philosophie à  l'Université de Poitiers (France).

Selon ce chercheur, les africains et les noirs se doivent de revaloriser la pensée du professeur Cheikh Anta Diop, (historien et anthropologue sénégalais, né à Thieytou en 1923 et décédé le 7 février 1986) au moment où d'autres pays se satisfont du modèle inspiré par sa doctrine qui a toujours prôné la promotion des langues nationales, la création d'une monnaie et la nationalisation des ressources.

Face aux difficultés quotidiennes des peuples noirs, l’on devrait pouvoir enseigner nos langues nationales pour sortir du sous-développement culturel, l'auteur du dictionnaire en langue Haoussa, non encore édité pense que l'Afrique devrait s'unir pour face aux agressions externes, des suggestions qui avaient déjà été faites par Cheikh Anta Diop et Kwame Nkrumah. ‘Au commencement était l'énergie, tout le reste en découle’, rappelle-t-il, en poursuivant que ‘seul Cheikh Anta de son vivant avait justifié que le fleuve Congo pouvait approvisionner toute l'Afrique en électricité. Aujourd'hui ses potentialités sont en train d'être exploitées par les occidentaux’.

L'honneur est revenu à Mouta Wakilou Maurice Gligli Amorin, par ailleurs  président du Cercle International Kwame Nkrumah, président du Front Patriotique Panafricain de faire un exposé riche en enseignements sur le thème de Cheikh Anta Diop, Kwame N'Nkrumah : Deux hommes ; une même vison pour la libération et l'unification du continent noir

Selon lui, au cœur de la pensée panafricaine se trouve Kwame Nkrumah. Il est celui qui a porté la Côte d’Or à son indépendance pour en faire le Ghana, premier pays africain à être libéré de l’emprise coloniale. Sa vision dépassait les intérêts de son seul pays et il aura œuvré toute sa vie pour l’Unité africaine.

Cette même vision avait été également développée par Cheikh Anta Diop.

Les deux visionnaires avaient une  pensée panafricaine très poussée qui se complète dans leur quintessence.

Au cours de cette rencontre, divers sentiments se sont dégagés par rapport à l’unité africaine qui peut bien évidement se concrétiser, selon l’avis des participants. Si «les frontières tracées lors de la conférence De Berlin…» ne sont plus maintenues, si les jeunes qui «constituent l’Afrique de demain» sont imprégnés des idées de la Fédération ou des Etats-Unis d’Afrique, à travers les thèses des grandes figures du panafricaniste Cheikh Anta Diop et Kwame Nkrumah.

Un autre destin est bien possible pour l’Afrique, estiment les conférenciers, persuadés que le contient noir peut et doit désormais, «entrer dans un monde nouveau».

Selon Madame Chadeline Togue, invitée et par ailleurs membre du bureau politique du MDI ( Mouvement pour la Démocratie et l'Interdépendance, ndlr), parti politique camerounais de l'opposition, "Cheikh Anta Diop a fait un immense travail de réarmement moral des peuples africains, et si l’on est convaincu que l’humanité est née en Afrique, cela positionne les peuples de ce continent, notamment la jeunesse, dans ce passage obligé qu’est le combat pour la renaissance africaine",

 Plus, loin dans sa suggestion, elle pense qu'il est aussi nécessaire de ne pas négliger la place de la femme dans la construction du continent africain. Elle a insisté sur ce point car, la société africaine selon elle, tient à négliger la femme dans le giron de la construction nationale et continentale.

L'on retiendra également de cette conférence que Cheikh Anta Diop fut la première victime emblématique de la Françafrique car, il est mort le 07 février 1986 sans avoir jamais enseigné dans une université au Sénégal.

Et pour cause, le président de l'époque, Senghor, "complice des Français" évitait que Cheikh Anta Diop puisse propager sa connaissance à la jeunesse africaine.