De la dictature militaire au Togo :

Quelques propos

La situation politique au Togo se caractérise par une domination dictatoriale durable.

Bien évidemment aucune domination dictatoriale durable n’est possible sans l’action d’un appareil répressif efficace.Pour soumettre les Togolais, l’appareil qui assume cette fonction est l’armée.

Le rôle constitutionnel de l’armée est la protection de l’intégrité du territoire national, mais son rôle réel au Togo est la protection du pouvoir établi par la force.

Dans ce rôle, elle s’appuie sur des organes qui l’accompagnent dans sa mission de répression politique. Certains de ces organes sont : le personnel administratif, les tribunaux et accessoirement d’autres institutions établies comme la chefferie traditionnelle etc..

Il conviendrait plus tard dans d’autres propos d’analyser les intérêts politiques et économiques des différents éléments  de cette pyramide de répression, ce qui nous permettra de comprendre le fonctionnement de l’Etat Togolais et sa nature.

Pour revenir à l’analyse de la situation politique au Togo, nous estimons qu’aucune lutte politique ne peut être efficace si elle ne prend pas en compte le rôle déterminant que joue l’armée dans la protection de la dictature.

Comment interpréter le comportement des Togolais face à la domination de l’armée depuis plus de 45 ans? Sont-ils résignés ? Sont-ils complices de leurs bourreaux ?

Bien évidemment non !

Depuis 45 ans que dure la domination de l’armée, la résistance du peuple n’a jamais faibli. Elle a pris plusieurs formes d’organisation, car – oui-  elle était organisée, passant de comportements individuels de défiance à une forme structurée d’opposition.

C’est ainsi que des individus, des familles, des hommes politiques, des groupes idéologiques qui se sont lancés dans la contestation du système seront arrêtés, emprisonnés, effroyablement torturés, voire assassinés, au nom des intérêts de l’Etat établi par la force.

Vinrent  ensuite des périodes de révoltes populaires et l’entrée  sur la scène politique des partis politiques d’opposition.

Ces révoltes populaires qui éclatent de temps à autres seront systématiquement réprimées. Des milliers de nos compatriotes tomberont ainsi sous les balles de l’armée togolaise.

Cette armée donne l’impression de rester en marge des mouvements qui traversent la société togolaise. Elle persiste dans son rôle de protection de l’ordre dictatorial établi.

Elle est encore à pied d’œuvre depuis les dernières élections frauduleuses, poursuivant sa mission de protection du pouvoir établi par la fraude et par la force contre les droits constitutionnels des citoyens, de la société civile et des partis politiques.

En clair, l’armée se protège parce que depuis le 13 janvier 1963 tout exercice du pouvoir politique au Togo se fait par procuration de l’armée togolaise.Cette armée est le centre du pouvoir, son véritable détenteur.

En revisitant le long processus de répression depuis 1963, on retrouve essentiellement l’armée togolaise à travers ses officiers.

Ce rôle de répression a donné naissance à un contentieux lourd et historique entre le peuple togolais et l’armée qui aurait dû être la sienne.Ce contentieux qui dure, attend une fin fatale ou calculée.

Cette fin serait– elle le résultat d’une lutte politique finale qui va aboutir à la libération tant attendue ? L’histoire  est en marche.

En tout cas, toute organisation politique en cette étape de la lutte, fort du soutien du peuple, peut conduire la lutte à son terme, si elle prend en compte la défense des intérêts du peuple, sans faiblesses, sans compromissions et en relevant dans les moindres détails les contradictions sociales en présence et les forces en conflits.

Les conditions de vie difficile ont cette façon mathématique de désigner ceux qui ont besoin des règles de jeu claires pour exister, donc d’une démocratie pour exercer leur contrôle sur les biens publics.

Ces sont des catégories de Togolais complètement démunis et  sans espoir, qui ont besoin de ces règles de jeu claires…

C’est pourquoi,  elles sont en lutte et le seront tant que l’objectif ne serait pas atteint, l’objectif pour eux étant le pouvoir, un pouvoir exercé au profit de tous.

Sachons définitivement qu’avec ces catégories de Togolais, toute organisation politique conséquente peut construire un mouvement de libération nationale. La révolte de la faim finira par avoir lieu au Togo.

Par les temps qui courent, force et vigueur doivent revenir à la lutte.

Sans relâche, camarades combattons les ennemis du peuple !

Combattons-les sans faiblir pour un Togo que nous voulons prospère et que nous laisserons en héritage à nos enfants, un Togo à jamais débarrassé de la dictature militaire.