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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
2 octobre 2009

CONTRIBUTION-SOURCE SUDONLINE

Le Président Abdoulaye Wade, parrain des putschistes africains ?

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Arrivé au pouvoir en avril 2000 à la suite d’une élection régulière, transparente et démocratique, le président de

la République

du Sénégal semble détester à présent cette voie royale d’accès à la magistrature suprême ; sa pratique de tous les jours, à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays, le prouve éloquemment.

Une fois hissé au sommet de l’Etat sénégalais, il a remis en cause non seulement ses engagements de candidat, mais aussi toutes les règles les plus élémentaires du jeu démocratique. Pour lui désormais il n’y a que l’argent, l’appareil d’Etat et les manœuvres politiciennes qui comptent. Il ne s’intéresse qu’à des élections depuis qu’il a créé son parti en 1974, son seul objectif étant de conquérir le pouvoir ou de le conserver comme en ce moment où il y a énormément de scandales créés par ses partisans. Aujourd’hui il faut en convenir, ce sont les journalistes et les écrivains comme les Abdou Latif Coulibaly et Mody Niang qui supportent le plus le poids de la répression morale et physique du régime libéral. Aucune profession n’a été aussi malmenée que celle des journalistes sénégalais depuis l’alternance politique de 2000. Et pourtant ils font partie de ceux qui ont le plus aidé Me Wade à accéder au pouvoir. Mais le plus grave est qu’il est en train de vulgariser cette pratique comme mode de gouvernance dans les pays africains surtout ses voisins qui sont confrontés à des difficultés économiques sociales et politiques de toutes sortes, en aidant les auteurs de coup de force et putschistes à légaliser leur pouvoir. Quelques cas qui illustrent cette politique.

Me Abdoulaye Wade avait entamé cette politique par

la Côte

d’Ivoire en 2002, en appuyant discrètement ce qu’on appelait à l’époque « les Forces Nouvelles » qui n’étaient rien d’autre qu’une rébellion armée face à un gouvernement légal. Les responsables de ces « Forces Nouvelles » –ce n’est un secret pour personne- se rendaient souvent au Sénégal où elles étaient bien accueillies par les autorités de ce pays. Mais très vite, les jeunes dirigeants ont compris le jeu de leur « papa », qui était contraire aux intérêts de leur peuple durement affecté par une crise multiforme. La fameuse déclaration du président Wade relative au comportement hostile des Ivoiriens vis-à-vis de leurs frères africains avait été la goutte de trop qui a ouvert certainement les yeux de ces jeunes patriotes qui ont finalement pris langue avec le pouvoir en place, pour trouver une solution à leurs problèmes. Aujourd’hui malgré les embuches de toutes sortes, ils s’acheminent allégrement vers des élections que tous les patriotes africains et démocrates du monde souhaitent transparentes.

Après

la Côte

d’Ivoire et à la même époque, il y a eu la crise malgache de 2002 consécutive à l’élection présidentielle contestée de décembre 2001. Le rôle joué par le Sénégal a été plus que néfaste contrairement à ce qu’on a voulu nous faire croire. C’est la médiation sénégalaise de l’époque qui est, aujourd’hui, à la base des graves difficultés politiques que traverse

la Grande Ile.

Rappelons les faits : Marc Ravalomananan avec 46,21% des suffrages exprimés avait refusé un second tour sous prétexte qu’il totalisait à lui seul, plus de 50% des suffrages exprimés. L’OUA qui avait adopté une position ambiguë à la première rencontre de Dakar, s’était ressaisie par la suite en demandant aux deux protagonistes, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomananan, la continuation du processus électoral c’est-à-dire l’organisation d’un deuxième tour. Mais Marc Ravalomananan soutenu par certains gouvernements dont celui du Sénégal, avait catégoriquement refusé.

Tous les observateurs ont eu à constater à travers les médias sénégalais le traitement de faveur qui lui était réservé au détriment de l’autre protagoniste Didier Ratsiraka, brillant officier sorti de la prestigieuse Ecole de marine française qui a joué un rôle important dans la réhabilitation du peuple malgache pendant sa présidence, en rendant dignité à son pays longtemps méprisé. Il n’avait, malheureusement, pu régler les problèmes économiques de son pays comme la plupart de ses pairs africains. Il ne savait pas que le président Wade est un partisan de son adversaire, donc incapable de neutralité dans la crise. Nous avions fait publier en son temps dans le quotidien Walfadjri un article intitulé : Ravalomananan ou le défi à l’Etat de droit, dans lequel nous disions : « Ravalomananan est un homme d’affaires dont les importants intérêts économiques risquent d’être en conflit avec ceux de l’Etat malgache qu’il veut diriger. Dépourvu d’une vision politique claire, il est manipulé par des politiciens futés, tapis dans l’ombre. Son coup de force est une grave faute politique et un défi à la démocratie. La position de certains chefs d’Etat qui parlent de réalisme politique est non seulement erronée mais opportuniste. Les principes de l’Etat de droit sont mis de côté sous prétexte qu’il contrôle toute la situation de l’île. L’Union africaine (UA) qui s’est substituée désormais à l’OUA est interpelée. Le départ de Ratsiraka de

la Grande Ile

ne va pas résoudre le problème » Le temps semble nous donner raison. Sept ans après on constate ce que cette médiation de la diplomatie actuelle du Sénégal a produit comme effet négatif. Madagascar est toujours en crise. Le président Wade s’est d’ailleurs abstenu d’intervenir de nouveau étant convaincu que ses conseils ne seront pas pris en compte.

En Mauritanie, un régime élu démocratiquement en mars 2007 et salué par l’ensemble de la communauté internationale, a été renversé en août 2008 par les anciens collaborateurs du régime répressif et sanguinaire de Ould Taya, aujourd’hui réfugié à l’étranger mais qui va certainement bénéficier d’une grâce de son ancien serviteur devenu président de

la République. Là

aussi, le président Wade sous prétexte que

la Mauritanie

est un pays voisin y a joué un rôle particulièrement contestable. Pendant que l’ONU et L’UA condamnaient le coup d’Etat, Wade se rendit en Mauritanie pour soutenir les putschistes. Il organisa ensuite une mise en scène à Dakar pour faire adopter les positions des auteurs du coup de force. Les acteurs de la pièce de théâtre se déplacèrent enfin en Mauritanie où le président Sidi Ould cheikh Abdallahi, déchu et détenu illégalement pendant plus de quatre mois, est contraint de démissionner pour permettre au chef de la junte le général Mohamed Ould Abdel Aziz de s’emparer du pouvoir à la suite d’une élection présidentielle qu’il a, lui-même, programmée et dont ses partisans placés dans tous les postes stratégiques de l’Etat, ont contrôlé l’organisation et le déroulement.

Aujourd’hui le même scénario est en train d’être joué en Guinée Conakry où le capitaine Moussa Dadis Camara, un personnage haut en couleur, lui aussi chef d’une junte militaire, se fait passer pour un messie. Visiblement, il tient à conserver le pouvoir qu’il a ramassé après la mort de l’ancien dictateur, le général Lanssana Conté. Il est soutenu lui aussi par le président Wade qui vient d’y effectuer encore un séjour. Et cette fois-ci, pour donner plus de crédibilité à son initiative, il était en compagnie de la présidente du Libéria, pays voisin de

la Guinée

, Ellen Johnson Sirleaf. Le spectacle qui nous a été servi par la télévision sénégalaise montre que ce fameux voyage pourrait être un prélude à une déclaration solennelle de candidature à la présidentielle de Guinée du capitaine putschiste. La fière Guinée, des Alfa Yaya Diallo, Samory et Sékou Touré, qui avait montré aux peuples africains le chemin de l’honneur et de la dignité en s’opposant à l’occupation étrangère au XIXe siècle, avant de dire non au référendum gauliste du 28 septembre1958, n’est vraiment pas encore engagée dans la voie d’un développement, malgré ses énormes richesses naturelles, jusque-là, faiblement exploitées au profit des nationaux.

La conclusion que l’on peut tirer de toutes les initiatives extérieures du président Wade est qu’il n’aime pas s’entourer d’homologues démocratiquement bien élus. Ses autres voisins, surtout le nouveau président de

la Guinée Bissau

qui vient d’être élu démocratiquement, suite à une élection transparente doivent faire preuve de vigilance. Comment peut-on d’ailleurs régler les problèmes de ses voisins quand on est incapable de résoudre ceux de son propre pays ?

L’Afrique est malade de ses régimes militaires dont l’instauration est souvent accompagnée de violence et de désordre : chefs d’Etat et de gouvernement assassinés, institutions élues démantelées. L’Union africaine dans un de ses récents rapports en a dénombré plus de trente (30) en moins de cinquante ans d’indépendance. Les auteurs de ces coups de force sont souvent assassinés à leur tour. Les mutineries qui ont eu lieu à quelques mois d’intervalles en Mauritanie et en Guinée Conakry ont cette particularité d’être organisées par des hommes qui ont déjà participé à des régimes militaires décriés, qu’ils fussent à l’ombre ou à visage découvert.

L’Afrique n’a pas besoin de justiciers, c’est le titre d’un article que nous avions publié toujours dans Walfadjri. C’était lors du coup d’Etat du colonel Maïnassaré Barre du Niger devenu président de

la République

avant d’être assassiné et dont l’un des collaborateurs le général Mamadou Tandja, un politicien mégalomane, vient de perpétrer un coup d’Etat constitutionnel pour chercher à se maintenir au pouvoir, indéfiniment. La conception antidémocratique de tous ces putschistes morts ou vivants est la même : Mobutu, Ould Taya, Seyni Kountché, Moussa traoré, Sani Abacha, Mouamar Khadafi, Denis Sassou Nguessou, Jean Bédel Bokassa, André Kolinba, Ignatius Acheampomg, Etienne Eyadéma pour ne citer que quelques uns des dictateurs africains, n’ont fait que retarder le développement économique et social de leurs pays. Les militaires ne sont pas formés pour diriger des pays, ils doivent être au service de ceux qui sont élus démocratiquement, afin de défendre leurs pays en cas de menace de l’intégrité du territoire national. Il y a eu de tout temps en Afrique de grands patriotes militaires qui ont servi loyalement et dignement leurs pays, en respectant les institutions que les peuples se sont librement données, comme le général Amadou Fall, fondateur de l’Armée sénégalaise dont le président Mamadou Dia dira : « Le général Amadou Fall est un de ces personnages qu’aucune conspiration ingrate du silence ne peut faire oublier. L’histoire quant à elle l’exhumera à travers vents et marées et son souvenir s’immortalisera dans la mémoire collective de notre peuple comme soldat bâtisseur de nation. »

Le Ghana et le Mali qui font partie des dix pays d’Afrique au Sud du Sahara vivant actuellement dans un régime démocratique, selon Freedom house une ONG américaine indépendante et militante de la démocratie dans le monde, ont connu des régimes militaires. Cette situation n’est pas un fait du hasard, car l’ancien président du Ghana Jerry John Rawlings et l’actuel président du Mali Amadou Toumani Touré, deux patriotes et militaires de carrière, sont les fils spirituels des présidents Kwamé Nkrumah et Modibo Keïta deux grands panafricanistes dont la vie a été consacrée entièrement au service de leurs peuples et de l’Afrique. Ils étaient adolescents quand ces deux géants de l’Afrique étaient au pouvoir dans les années 60 du siècle dernier. La forte personnalité de ces leaders a effectivement déteint sur leur caractère. En effet, la jeunesse africaine a besoin des exemples de la trempe de ces grands hommes d’Etat avec patriotisme abnégation.

L’Afrique qui dispose de ressources naturelles aussi importantes que tout autre continent avec 20% des terres émergées et plus de 15% de la population mondiale, va s’enfoncer de plus en plus dans la pauvreté et la misère si elle continue d’être dirigée par des affairistes et des putschistes guidés uniquement par des intérêts personnels.

  • Abdoul Aziz Diagne , Membre des Assises nationales et de Benno Siggil Senegaal

  • Aadiagne262000@yahoo.fr

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