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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
7 décembre 2012

Littérature : Aragon : «Plus tard, on dira qui je

Littérature : Aragon : «Plus tard, on dira qui je fus»
Louis Aragon fut de toutes les aventures politiques et littéraires du 20e siècle. Trente ans après sa mort, l’œuvre du chantre d’Elsa et du Parti communiste est bien vivante. Et ses poèmes, immortels.

aragon

Aragon et Elsa, ensemble jusqu’au bout.

Il lui a dédié certains des plus beaux poèmes d’amour en langue française.

 


« Plus tard on dira qui je fus. » C’est par cette phrase que s’interrompt le Roman inachevé de Louis Aragon, un appel aux « hommes de demain ». Trente ans après sa disparition, l’intérêt pour son œuvre n’a pas faibli. « Cette vie avait-elle un sens ou tout est-il contradictoire ? » C’est dans cette question que réside l’unité de la vie de l’écrivain, de l’homme de presse, du militant politique, dont l’œuvre s’étend sur plus de soixante ans du 20e siècle. (1)

Fils illégitime né dans famille bourgeoise désargentée, le petit Louis, très tôt, lit tout et écrit déjà. Le jeune homme entame des études de médecine, puis découvre la création contemporaine, se liant avec André Breton, le futur fondateur du surréalisme. Année dure que 1917 : il est mobilisé et assiste à l’horreur de la guerre dont il ne se remettra jamais tout à fait et qui est à l’origine de son engagement futur. Après la guerre, assigné deux ans dans la Rhénanie occupée, il écrit l’admirable poème Est-ce ainsi que les hommes vivent ?. Il retrouve Breton et rejoint le mouvement surréaliste, imprégné de révolte radicale contre la société et les conventions de l'art. Mais Aragon s’impatiente vite contre les nouvelles routines. Il écrit ses premiers romans et, comme plusieurs de ses amis – Paul Eluard, Breton –, il rejoint le Parti communiste en 1927. Contrairement à la plupart des surréalistes qui s’en détachent les années suivantes, il restera fidèle à cet engagement jusqu’à sa mort. En 1928, il rencontre Elsa Triolet, sœur de Lili Brik, la compagne du grand poète soviétique, Vladimir Maïakovski.

Elsa devient sa muse et sera l’amour de sa vie. Il lui consacrera certains des plus beaux poèmes d’amour de la langue française. Elsa, elle, lui fait découvrir l’URSS et sa littérature. L’activité d’Aragon devient alors aussi militante et son travail littéraire se confondra avec son adhésion au communisme. Il se veut un passeur entres les milieux artistiques et littéraires français et les artistes de l’URSS. Il tente de jeter des ponts entre les soviétiques et la France aussi dans le but de construire un front contre le fascisme qui monte en Europe. C’est à ce titre qu’il représentera les écrivains français au Congrès des écrivains révolutionnaires de Kharkov où il y désavouera le surréalisme et André Breton.

Guerre d’Espagne
En 1930, il part vivre en URSS avec Elsa Triolet où il restera un an. En 1932, il écrit Front rouge, une critique violente du surréalisme et de… la social-démocratie qui l’exposera à des poursuites judiciaires pour incitation au meurtre : Descendez les flics/ Camarades (…) Prolétariat/ Que ta fureur balaye l’Élysée/(…) Feu sur Léon Blum (…)/ Sous la conduite du parti communiste. En 1933, Aragon entre comme journaliste à L’Humanité.

Le journalisme est l’autre grande aventure de l’auteur d’Aurélien ; en 1937, il fonde avec Jean-Richard Bloch, autre écrivain majeur communiste, le journal Ce Soir, un magazine grand public dont le but est de contrer la presse bourgeoise. C’est l’époque terrible de la Guerre d’Espagne et le conflit espagnol y est couvert par 18 journalistes et des reporters-photographes devenus célèbres, comme Robert Capa.

Plus tard, l’homme de presse Aragon, fondera également Les Lettres Françaises, un journal consacré à la littérature, d’une qualité époustouflante.

Le plus grand poète de la Résistance
Durant la guerre, grâce à ses nombreux réseaux acquis dans les années 1930, Aragon organise très activement un réseau de résistance en zone Sud et publie de magnifique poèmes, dont Les Yeux d’Elsa, rencontrant un nombre extraordinaire de lecteurs et contribuant à créer dans l’opinion un courant favorable aux idées de la Résistance. A la Libération, Aragon est devenu le plus grand poète de la Résistance. Il compose Strophes pour se souvenir (1955), à la gloire du rôle des étrangers dans la Résistance, célébrant les partisans du groupe Manouchian dont la condamnation avait été publiée sur une affiche rouge, titre qu’il donnera à son célèbre et fulgurant poème. Dès les années 1950, ses poèmes sont magnifiquement chantés par Jean Ferrat, Léo Ferré, Georges Brassens, Yves Montand…« J’appelle poésie cet envers du temps, ces ténèbres aux yeux grands ouverts… », écrivait le chantre d’Elsa.

Fidèle à son idéal
Lorsqu’il meurt en 1982, il est toujours membre du PCF. Pour lui, le communisme fut un choix de vie résolu, un principe auquel il ne renonça jamais, même lorsque les temps furent difficiles « Le chant n’en est pas moins beau quand il décline… »

Reste que l’homme – qui repose aux côtés d’Elsa dans leur magnifique propriété non loin de Paris – fut de toutes les aventures littéraires et politiques du siècle. Son œuvre, comme lui-même, est hantée par toutes les questions qui survivent à leurs réponses : où est le véritable amour, et comment faire face à l’infini du désir ? À quelles fins l’art et à qui doit-il servir ? Aragon par sa vie et sa fidélité à son idéal nous donne certainement un élément de réponse.


1 : Paragraphe tiré du numéro spécial de L’Humanité.
A lire : Aragon, le numéro hors-série de L’Humanité, décembre 2012.

 source:www.ptb.be

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