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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
7 janvier 2012

Notes de lecture Et si Marx avait raison ? Tome 1

Notes de lecture
Et si Marx avait raison ? Tome 1 par Marco Wolf l’Harmattan 2010 252 pages
Contre les excès du libéralisme


Le marxisme, voilà qu’on le proclamait dépassé. La chute du mur de Berlin, suivie de deux ans plus tard par la fin de l’Union soviétique, était censée lui avait porté un coup de grâce. Mais Marx n’est pas responsable des crimes commis par des régimes bureaucratiques ou nationalistes qui se réclamaient abusivement de lui.

Le capitalisme ; de son côté, n’a pas changé de nature depuis un siècle’, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Et la course au profit fait actuellement planer la menace d’une catastrophe à la fois économique et écologique, qui a peut-être déjà commencé.
Pour en finir avec ce système économique de plus en plus fou et irresponsable, il est temps de redécouvrir le marxisme – le vrai,( .....)

La crise des crédits immobiliers aux Etats-Unis s’est transformée en crise financière internationale. Mais la crise n’est pas restée cantonnée dans le monde de la finance. Partout dans le monde, des vagues de licenciements et de fermetures d’entreprises ont déferlé pendant toute cette année, succédant à ceux des années précédentes.

Contrairement à ce qui s’est passé en 1929, les gouvernements des pays industrialisés sont intervenus massivement, à partir de 2008, pour colmater les brèches du système. Partout les banques centrales ont volé au secours des banques privées, à coup de dizaines, puis de centaines de milliards d’euros ou de dollars – des chiffres qui donnent le tournis, et qui n’ont aucune signification concrète pour le commun des mortels.

L’interventionnisme étatique débridé pourrait surprendre, de la part de gouvernements qui ne juraient que par le libéralisme il y a peu, répétant à qui mieux que la meilleur façon de régler les problèmes était de laisser agir les lois du marché ;

Mais ces mêmes gouvernements sont allés bien loin dans le reniement de leur credo libéral. Eux qui privatisaient tant qu’ils pouvaient dans la période précédente, les voilà devenus des adeptes de la nationalisation, totale ou partielle, dès qu’une grande banque est menacée de faillite.

Le libéralisme n’a plus la cote. Un autre mot était devenu tabou ces dernières années : capitalisme. Il n’était plus question que de libéralisme, un terme qui était censé faire meilleur effet en jouant sur l’amalgame avec la liberté politique. A la longue, c’est pourtant l’inverse qui s’est produit, et le mot ‘libéralisme’ est devenu péjoratif pour la plupart des gens, synonyme de privatisation, dérèglement, démantèlement des services publics et remise en cause des acquis sociaux.

Les critiques contre les ‘excès’ en matière de libéralisme ne font que reprendre aujourd’hui ce que des comme Stieglitz écrivent depuis plus de dix ans : ’L’économie de marché, pour bien fonctionner, a besoin de lois et des règlements qui assurent une concurrence équitable, défendent l’environnement, protègent les consommateurs et investisseurs afin qu’ils ne soient pas volés’. (Joseph Stieglitz, quand le capitalisme perd la tête, Fayard p. 131)

L’intervention de l’Etat dans l’économie capitaliste est aussi vieille que le capitalisme lui-même.

Le livre de Patrick Artus et Marie-Paule Virard porte le titre prémonitoire Le capitalisme est en train de s’autodétruire. (La Découverte).

Ce prix Nobel d’économie rêve d’un capitalisme raisonnable, qui saurait ‘coopérer et se compléter’ avec l‘Etat. Artus et Virard, eux, rêvent de restaurer un capitalisme de l’âge d’or (qu’on a du leur conter dans leur enfance).

La crise actuelle n’est pourtant pas la première du genre, même si on n’en avait plus connu d’aussi grave depuis 1929. Les crises économiques accompagnent en fait le capitalisme depuis deux siècles et sont un des traits caractéristiques de cette forme d’économe.

On nous explique sur les médias que ce que nous sommes en train de vivre est fondamentalement une crise financière, qui va malheureusement se répercuter sur l’économie réelle et a même déjà commencé à leur faire. Mais c'est le genre d’explication qui n’explique rien. L’économie réelle avait donné de nombreux signes de mauvaise santé non seulement avant le krach boursier d’octobre 2008, mais même avant la crise des ‘subprimes’ de l’été 2007. La crise financière actuelle est autant une conséquence de cette mauvaise santé que la cause du marasme économique à venir dans les mois et les années qui viennent.

Là où les meilleurs économistes bourgeois, malgré toute leur science et leur familiarité avec le monde des affaires, en restent à l’aspect extérieur des phénomènes, le marxisme a l’incomparable avantage d’aller au fond des choses et de dévoiler les mécanismes internes de l’économie capitaliste dont la crise n’est que la conséquence ultime.

Il arrive que des économistes chevronnés, voire des grands patrons, le reconnaissent eux-mêmes, loin des oreilles indiscrètes. Le magazine économique Challenges, peu suspect de sympathies pour le marxisme, publiait ainsi en décembre 2007 une interview de Pascal Lamy, directeur de l’Organisation mondiale du commerce, reconnaissant que ‘Personne depuis Marx n’a inventé une analyse de la même importance et que ses travaux fournissent une parfaite boîte à outils intellectuelle pour analyser le capitalisme de marché d’aujourd’hui’. Même hommage de la part d’Alain Minc, ex-patron d’Air Industries et de Saint-Gobain, grand apôtre du libéralisme et de la déréglementation, affirmant dans la même revue que le marxisme donne ‘la meilleure explication du capitalisme d’aujourd’hui’.

Avant eux, Jacques Attali, ancien conseiller de Mitterrand passé au service de Sarkozy, s’est fendu d’un livre, Karl Marx ou l’esprit du monde,( Editions Fayard)dans lequel il dit sa fascination pour ‘la précision de sa pensée, la force de sa dialectique, la puissance de son raisonnement, la clarté de ses analyses’ et bien d’autres choses encore.

Hélas pour ces représentations du grand patronat, Marx ne s’en pas tenu même qu’il aurait été communiste.

Le principal mérite de l’économie de marché, paraît-il, est que ses lois reproduisent celles de la nature : la lutte de chacun contre tous, le droit du plus gros à manger le plus petit, le droit du plus faible à disparaître pour permettre à l’évolution de continuer ; et même précarité contre laquelle l’humanité se débat depuis ses origines.

Depuis ses origines, l’humanité s’est éloignée de la nature. Trop même, disent certains. Heureusement, le Medef est là aujourd’hui, pour nous en faire redécouvrir les lois et les enseignements.

L’intervention de l’Etat dans l’économie capitaliste est aussi vieille que le capitalisme lui-même – elle a commencé avant même la révolution industrielle. Sous Louis XIV, Colbert s’est rendu célèbre par sa politique de commandes publiques aux manufactures, de subsides à l’exportation et de taxes à l’importation. L’Angleterre n’a pas tardé à emboîter le pas à la France dans cette voie, et c’est avec le soutien de l’Etat que l’industrie britannique s’est développée au XVIIIe siècle, à l’abri de barrières protectionnistes dont les dernières seront abolies qu’en 1846.

Le Japon a fait encore mieux : l’industrialisation y a été réalisée par l’Etat lui-même sous l’ère du Meiji, dans le dernier tiers du XIXe siècle, avant que les entreprises créées ne soient revendues à des actionnaires.

Plus récemment, des aciéries géantes ont été créées et gérées par les Etats taïwanais et sud-coréen, pourtant fidèles alliés des USA et peu suspects de sympathies pour le socialisme.

Aux Etats-Unis, de la seconde guerre mondiale à la fin des années 1950, l’informatique fit ses premiers pas grâce au financement de l’Etat, des universités et de l’armée.

De l’Afrique à l’Asie, ce ne sont que des militaires au pouvoir comme au Pakistan ou en Birmanie, monarchies d’un autre âge comme en Arabie Saoudite, présidents à vie comme au Gabon, ou Parti unique à la mode stalinienne.

Comme en Chine, au Vietnam et en Corée du Nord. Partout la presse est muselée, les sites Internet surveillés, les opposants persécutés, les associations réduites au silence.

Même dans les pays qui peuvent donner l’apparence d’une certaine démocratie, comme l'Inde ou le Sénégal, ce n’est qu’une façade le plus souvent.

Tout le monde le sait, la corruption est la gangrène qui ronge les pays du Tiers-Monde. Du haut en bas de la société, du ministre au policier et du douanier au président, tout passe par le bakchich et le dessous-de-table.

Ce qui implique qu’en sens inverse chacun se fasse taxer, du simple citoyen qui a besoin d’un papier administratif à la multinationale qui veut signer un contrat.

Comme la nature a horreur du vide, il a bien fallu cependant remplacer le sortant par un produit nouveau. Pas tout à fait nouveau en fait, mais bon. Ca s’appelle le lobbying. Ca nous vient des USA comme son nom l’indique. Et ça n’a rien à voir ave la corruption.

C’est le gouvernement qui fabrique des clandestins. La lutte contre l’immigration, clandestine ou pas, n’est qu’un thème démagogique visant à courtiser la fraction la plus réactionnaire de l’électorat en spéculant sur ses préjugés.

Le marché n’est en fait que le régulateur de l’économie capitaliste

L’expression ‘classe ouvrière’ a une connotation restrictive en français, puisque le mot ‘ouvrier’, au sens moderne du terme, désigne celui qui travaille en usine, dans un atelier ou sur un chantier.

Chez Marx en revanche, qui écrivait en allemand, le mot utilisé était arbeiterklasse, littéralement ‘classe travailleuse’. Et s’il en va de même en anglais, où l’expression équivalente est working class… ce qui n’empêche pas des salariés anglais ou américains de se présenter aujourd’hui dans les interviews comme middle class.

On nous a pourtant rabâché pendant des années que la notion de classe sociale était dépassée, simpliste, réductionniste. Mais finalement non. C’est seulement pour la classe ouvrière qu’il en est ainsi. Pas pour la classe moyenne. La classe moyenne n’est plus ce qu’elle était.

Les crises capitalistes sont des crises de surproduction. Non pas que l’économie produise trop dans l’absolu, hypothèse absurde quand près de la moitié de l’humanité vit en dessous du seuil de pauvreté. Mais c’est justement cette pauvreté qui pose problème, en limitant la demande solvable de produits de la consommation pendant que les capacités de production, elles, ne cessent d’augmenter. Cette contradiction éclate périodiquement, lorsque des secteurs de l’économie se retrouvent avec sur les bras des stocks de marchandises invendues et invendables.

On nous vante à longueur d’année les vertus de l’économie de marché. Le marché n’est en fait que le régulateur de l’économie capitaliste. Et la principale ‘vertu’ de cette régulation-là est de s’exercer après-coup, avec un décalage dans le temps pouvant atteindre des mois, voire des années. Même un défenseur de l’économie capitaliste comme Joseph Stieglitz : ’Une théorie simpliste conçoit le système économique comme un mécanisme autorégulateur : quand l’offre dépasse la demande, le prix baisse, ce qui réduit l’offre, et vice-versa. Ce type d’ajustement existe, mais il n’a pas lieu en douceur ni sans coût.’ (op, cité, p, 154)

A l’heure de la mondialisation, l’économie capitaliste reste plus que jamais marquée par cette contradiction entre ses capacités de production quasi illimitées d’un côté, et de l’autre les limites étroites de la consommation dues au faible pouvoir d’achat d’une grande partie de l’humanité.

C’est donc une parfaite ineptie que de présenter notre époque comme celle de la ‘société de consommation’, même dans les pays développés. Certes, cette société-là n’en finit pas de nous créer des besoins artificiels et de nous allécher avec de nouveaux gadgets. Elle a développé le gaspillage comme aucune autre civilisation auparavant.

La consommation, la satisfaction des besoins, n’est en rien le moteur de l’économie capitaliste. Et il n’est guère plus juste de parler à son sujet d’’économie de marché’. Le marché n’est qu’un intermédiaire dans le cycle des affaires. Le seul et unique but de cette forme d’économie, son ‘moteur’ donc, c’est le profit. C’est la course au profit qui pousse en tous lieux et par tous les temps à la réduction des salaires – ou aux délocalisations vers les pays à bas salaires, ce qui revient au même.

Ce livre bien écrit et au style alerte est un magasin d’idées fort pertinentes sur le sort qui est fait injustement à la pensée de Karl Marx.

Amady Aly DIENG

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