Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
25 mars 2011

TOGO

POLITIQUE

SOURCE:http://www.lalternative-togo.com/

AddThis Social Bookmark Button

On le savait depuis une dizaine de jours. Kokou Biossey Tozoun est désormais membre de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). Sans surprise, la seconde nouvelle consécutive est tombée quelques jours après. Le désormais ancien ministre de la Justice est remplacé par un avocat. Dans un communiqué de la présidence, le ministre Kokou Tozoun, en évoquant l’incompatibilité de son nouveau statut avec celui de ministre, aurait lui-même déposé sa démission du gouvernement. De sources proches de ce dossier et après analyse, le départ du ministre revêt un caractère de double scandale.


 

Kokou Tozoun serait très furieux après la publication de ce qu’on a présenté comme étant sa démission. C’est en tout cas, ce qu’on apprend de sources dignes de foi. Le désormais membre de la HAAC n’aurait pas été consulté avant d’être nommé au sein de cette dernière institution. Il aurait donc été mis devant le fait accompli. Déjà, l’homme aurait deviné le message. Le « jeune » ne voudrait plus de lui dans son environnement immédiat. Kokou Tozoun n’aurait pas fini de digérer sa colère lorsque mercredi, dans un communiqué, la présidence  fait publier sur les médias publics, que le ministre aurait démissionné lui-même. Selon des indiscrétions l’homme n’aurait jamais écrit une lettre de démission dans ce sens. Mais le vin étant tiré, il faut le boire jusqu’à la lie.

 

Le malaise que vit le désormais ancien ministre Tozoun, depuis une semaine ne serait pas directement lié au « départ » en soi. Mais lorsqu’on connaît très bien le système pernicieux et cynique du Rpt, on sait vite deviner quand et comment le « Prince » décide de se débarrasser d’un proche. Est-ce le chant de cygne pour Tozoun ?

 

Peut-être. Si c’est le cas, ce serait une fin bien triste. Comme quoi, au Rpt, on maîtrise bien l’art de remercier les militants, fussent-ils des pontes, en monnaie de singe.

 

Une chose est sûre, Kokou Tozoun n’est pas le seul Togolais ministrable, après avoir passé toutes ces années au gouvernement sous le père et le fils Gnassingbé. Mais la triste fin qui lui est réservée  doit inspirer tous ceux qui s’agitent encore aujourd’hui au sein du régime. On se rappelle que l’homme avait contribué à sauver le régime Rpt en 1992  en cassant la grève générale illimitée en cours dans le pays. Il avait créé de toutes pièces l’UGSL (Union Générale des Syndicats Libres) sur laquelle le pouvoir s’est appuyé pour faire revenir les fonctionnaires au travail, cassant ainsi le mouvement général. Après, c’est vrai, l’homme a été abondamment remercié par le père et le fils. Seulement, aujourd’hui il quitte la scène, de force.

 

On apprend par ailleurs que le ministre Tozoun souhaitait prendre prochainement le Secrétariat du Rpt. Même là, on se moquerait au sein du parti de sa « trop grande prétention » et lui reproche de « rêver jusque là ». Avec cette nomination à la HAAC, les mauvaises langues pensent avoir eu la preuve que ce « doyen des ministres » est devenu indésirable. Désormais, Kokou Tozoun doit savoir que la collaboration et la participation à un régime dictatorial et pervers n’est pas seulement une lune de miel. La fin est bien souvent amère et désagréable. Natchaba, Kpatcha, Gozan, Tidjani et tous les autres qui ont contribué à martyriser le peuple au nom d’un régime avant de faire eux-mêmes les frais de leur zèle en savent quelque chose. Et chacun a son tour chez le coiffeur.

 

Pendant que Kokou Tozoun grince les dents, c’est son successeur Me Tchitchao Tchalim qui remplace l’ancien journalistequi se frotte les mains. Selon des observateurs de la scène politique togolaise, la nomination de cet avocat pose un dangereux problème à l’indépendance et à la modernisation de la justice. Me Tchalim, on le sait, est un avocat  de plusieurs sociétés d’Etat.  Là où sa nomination est vicieuse, ce n’est pas tant sa tête ou sa réputation (même si beaucoup trouveraient à dire et à redire sur ses qualités personnelles), mais c’est du fait que le monsieur jusqu’à sa nomination était impliqué dans la défense de plusieurs dossiers qui pendent encore devant les juridictions togolaises. Mais voilà l’homme au poste de ministre de la Justice. Et de par ses prérogatives, il devient le patron du parquet et pourrait influer sur la suite à donner à tous ces dossiers pour le compte desquels son cabinet a été sollicité. Les conflits d’intérêts, comment les éviter dans un cas pareil ? Déjà que c’est une véritable gageure pour un justiciable d’avoir raison auprès de nos tribunaux lorsqu’on se sent lésé par une tierce personne et qu’on décide de porter plainte, c’est un nouveau coup de frein qu’on vient de donner à la fameuse modernisation de notre justice. Que ce soient dans les  affaires qui opposent des sociétés d’Etat à des employés ou à d’autres sociétés ou carrément d’autres dossiers, le nouveau ministre de la Justice a désormais les moyens d’influencer fortement les décisions en faveur de ses (anciens) clients.

 

Au demeurant, la nomination de Me Tchitchao Tchalim est un message de Faure Gnassingbé destiné à quiconque peut le comprendre que la modernisation de la Justice est un vœu pieux. Car la modernisation s’accompagne nécessairement d’hommes « modernes », c’est à dire des acteurs qui soient capables de conduire ce projet à bout. Mais si ce sont des hommes comme ceux qu’on nous présente qu’on parachute à la tête de ce département, qui du reste, devrait constituer un pilier de notre nation, il n’y a point de doute que le régime n’a aucunement la volonté de laisser notre système judiciaire se moderniser. Et partant, de laisser notre pays devenir un véritable Etat de droit. Les faits sont là pour nous en convaincre.

 

Mensah. K.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
Publicité
Publicité