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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
15 février 2011

TOGO : Renversement des régimes dictatoriaux en

TOGO : Renversement des régimes dictatoriaux en Afrique blanche - L’Afrique noire sera-t-elle en marge de l’Histoire ?
     

              

Décidément la roue de l’Histoire est en train de tourner, aux dépens des dictateurs en Afrique, et Dieu sait combien ils sont nombreux. Mieux, l’Afrique blanche et « civilisée » est en train de réécrire son histoire, ses peuples ayant pris leurs responsabilités pour changer leur destin.
Les Egyptiens ont réussi, Hosni Moubarak ne fait plus que partie de l’Histoire. Après dix-huit (18) jours de manifestations, il s’en est allé, non par plaisir. Bien malin pouvait présager sa démission.

 

Tant au début il minimisait la révolution, comptant certainement sur la police et l’armée. L’Egypte est réputée être un Etat policier. Plusieurs dizaines de manifestants ont été ainsi tués. La stratégie visait à dissuader les autres par l’usage de la force. Mais rien n’y fit. Entre-temps le Raïs a essayé de diviser le peuple en motivant financièrement des jeunes à descendre dans les rues et crier son nom. Un jeune manifestant a même témoigné sur France 24. Ainsi pendant plusieurs jours, on assistait à des affrontements entre anti et pro Moubarak.

 

Le tournant important de la révolution a été la décision de l’armée de ne plus réprimer les manifestants. Mais son rôle n’a pas été pour autant clair ; elle est accusée de protéger les pro Moubarak. Le Raïs a fait de la résistance. Au début il narguait le peuple qu’il ne partirait pas. Par la suite il a tenté d’apprivoiser les manifestants en annonçant ne plus briguer un mandat de plus en septembre prochain, et des réformes, mais la mayonnaise n’a pas pris. Jusqu’aux dernières heures de son départ, son ego parlait toujours. Il disait déléguer tous ses pouvoirs à son Vice-président, sans pour autant s’éclipser. Mais les manifestants ne se sont pas laissé duper. Le Vice-président n’était non plus accepté. Même si le principe de son départ était presque acquis, dans son discours très attendu de jeudi nuit, c’est un Moubarak très hautain et décidé à rester qu’on a entendu. Il a égrainé les guerres qu’il aurait faites et tous ses sacrifices consentis et défié les manifestants qu’il mourrait sur le sol égyptien. Mais les choses évolueront très vite le lendemain. Moubarak a quitté Le Caire, avec toute sa famille. Lui-même il n’a pas eu le courage d’annoncer sa démission, c’est son adjoint qui l’a fait en son nom. C’était l’euphorie sur la Place Tahrir, le lieu de rassemblement des manifestants. Le Vice-président n’était non plus le bienvenu, c’est l’armée qui devra gérer la suite. Une bonne page de l’Histoire de l’Egypte venait ainsi d’être tournée.

 

Quid de l’Afrique noire ?

 

Les peuples de l’Afrique blanche ont donc visiblement décidé de changer le cours de leur destin. Après la Tunisie où on a fait partir Ben Ali par la rue, c’est l’Egypte donc qui a réussi sa révolution. Et pourtant tout est parti d’un fait anodin : la mort par le feu de Mohammed Bouazizi, ce jeune Tunisien qui a été arrêté par la Police et s’est vu prendre sa marchandise, pour protester contre cet agissement.

 

La révolution risque de faire tache d’huile. Du moins en Afrique blanche, il est fort à parier que d’autres peuples n’en viennent à emboîter le pas aux Tunisiens et aux Egyptiens. L’Algérie était déjà en stand by, et le succès égyptien n’aura fait que booster les élans révolutionnaires. Déjà une manifestation a été organisée à Alger samedi. Même si elle n’a pas été une réussite, ayant été réprimée par la police, c’est probablement le début de la révolution algérienne. Les Libyens prévoient déjà une manifestation sur le jeudi 17 février prochain qu’ils baptisent eux-mêmes de « grande journée de colère ». Certainement que les Marocains aussi s’échauffent. Si ces deux pays prenaient la relève et réussissaient, l’Afrique blanche aurait changé le cours de son Histoire. Et l’Afrique noire dans toute cette dynamique ?

 

Pour l’instant pas grand chose à signaler. Elle reste spectatrice de ce mouvement sur le continent, comme au théâtre. Seul le Gabon essaie de se mouvoir, avec le candidat à l’élection présidentielle André Mba Obamé, qui s’en réclame le vrai vainqueur. S’inspirant plus de l’exemple ivoirien, il a ressuscité le dossier et on assiste à des manifestations de ses partisans dans les rues. Pour l’instant les médias internationaux n’en parlent pas assez, le Gabon étant barré par l’actualité égyptienne. Mais c’est peut-être le début de la révolte gabonaise. Malheureusement le reste de l’Afrique subsaharienne demeure spectatrice. On semble apprécier les exemples tunisien et égyptien, mais on reste inactif. L’Afrique noire ne compte peut-être plus de dictateur à proprement parler, des Ben Ali ou Moubarak, mais elle est truffée de mal élus, des hommes qui n’arrivent à s’imposer que par le hold-up électoral, la force et l’argent. Du Cameroun au Togo en passant par le Burkina, c’est le même scénario ; les suffrages populaires sont détournés au profit du candidat du pouvoir, et c’est ainsi qu’il conserve son bien, au nez et à la barbe du peuple qui aura choisi un autre candidat. Paul Biya, Faure Gnassingbe, Blaise Compaoré, pour ne citer qu’eux, ne sont pas en réalité bien aimés par leurs peuples. Mais par la force, l’argent et des complicités internationales, ils continuent de régner sur leurs populations qu’ils soumettent à des misères. Ce sont ces genres de servitudes que les Tunisiens et les Egyptiens ne veulent plus endurer, et ils ont pris leurs responsabilités. L’Afrique blanche, l’Afrique civilisée donne le bon exemple, sa consœur « nègre » elle, est attentiste.

 

Tino Kossi

 

LIBERTE HEBDO TOGO

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Commentaires
D
Les gens confondent, longévité au pouvoir et dictature. C’est là le véritable problème dans les crises qui secouent nos pays. Il faut édifier les populations à ce sujet.
S
Je partage tout à fait cet avis. L'Afrique noire est souvent spectatrice des mouvements politiques. De même que les gouvernants ne s'expriment jamais sur l'actualité internationale - sauf quand il s'agit de s'allier à l'étranger pour taper sur son voisin - de même les populations restent trop passives devant les événements. Peut-être qu'elles ont peu d'intérêt pour la vie politique.
KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
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