Le temps de la révolution en Afrique(Etiame.com
Le temps de la révolution en Afrique
(Etiame.com 03/02/2011)
Les peuples sont en ébullition au Maghreb et la révolution y
est en marche. En Afrique noire, c'est le calme plat alors que dictature,
corruption, répression, humiliations, brimades et tous les abus y sont légion.
Au Maghreb comme en Afrique subsaharienne, l'Occident apporte son soutien aux
régimes tyranniques contre le peuple qui a été immobilisé durant des décennies
par un appareil militaro-policier équipé et formé par les soins de qui on sait.
Là-bas, ces régimes anti-peuples sont maintenus à coup de chantage d'un
islamisme prétendu radicalement anti-occidental pendant que le sous-sol
pétrolier est vidé. Pourtant, là-bas, malgré tout ceci, le peuple se
soulève...enfin. La révolution est en marche: La Tunisie d'abord. L'Egypte,
actuellement. Même si les Occidentaux et leurs sous-fifres Israéliens tentent
d'agiter le chiffon rouge des Frères Musulmans, personne n'est aveugle pour
constater que ce chantage ne marche et ne marchera plus face à un peuple qui a
décidé de vivre désormais. Le fameux rempart des dictateurs sanguinaires et
ultra-corrompus à maintenir dans le "monde arabe" coûte que coûte contre
l'islamisme et la bande à Al-Zawahiri et Ben Laden n'est que le dernier argument
de ceux qui n'ont plus d'arguments face à un peuple qui exige publiquement la
liberté et du pain.
En Afrique subsaharienne pendant ce temps, et pour le
moment, c'est le grand silence. Nous "révolutionnaires africains" sommes en
Occident. Nous vivons en Europe, au Canada, aux Etats-Unis. Nous avons choisi la
voie du départ au lieu de celle du maintien des énergies sur place. Nous voulons
éviter l'accident final à nos vies, à nos petites vies et sauver notre peau
individuelle. Certes, le risque est énorme sur le terrain, mais peut-il en être
autrement si notre mission est vraiment d'être aux côtés de notre peuple?
Partir, en fin de compte, c'est grave. Mais là où le bât blesse encore plus
gravement, c'est qu'une fois arrivé en Occident, la plupart des
"révolutionnaires" finissent par se noyer dans les eaux troubles du quotidien,
éloignés de tout effort de mobilisation continue et coalisée. Toute tentative de
regroupement est piétinée et sabotée au profit d'un "militantisme" individuel
voire individualiste qui ne peut que dévoiler les vraies intentions. La flamme
s'étiole puis les «combattants» sombrent dans le consumérisme le plus vil.
Beaucoup ne se sentent plus concernés par le sort de l'Afrique – encore qu'il
faudra savoir si nombre l'aient une fois été - et s'il leur arrive de se
plaindre de quelque chose, c'est du fait qu'on leur refuse les papiers ou qu'on
leur montre du racisme. Or, ceci s'explique par cela. Il n'y aura de respect
pour les Africains nulle part au monde tant que l'Afrique sera dans cet état
catastrophique, abandonnée au pillage des multinationales véritables metteurs en
scène des pantins de dirigeants africains.
Et là, indexer la Françafrique
ne suffira plus. Pointer le néocolonialisme ne suffira plus. Se lamenter de la
trop forte capacité de nuisance de la France, des Etats-Unis, de
l'Angleterre...et de l'implication de leur outil onusien dans "nos affaires
intérieures" ne suffira plus non plus. Au plus vite, il faut former la masse,
l'instruire des câbles souterrains qui immobilisent notre peuple, le pousser à
abandonner cette voie de la résignation et du consentement à la souffrance
instituée par les religions dites révélées et imposées à lui avec certaines
spécificités, et enfin, construire un leadership crédible, responsable et
capable de porter le grand bouleversement nécessaire en Afrique
subsaharienne.
Quand on est contre le néocolonialisme et ses branches, on
les combat. La dénonciation seule ne suffit pas et c'est ce que nous montrent la
Tunisie et l'Egypte ces derniers jours.
Quand on est opposé à la
tutélisation outrancière de son pays, l'écrire sur internet, c'est bien. Mais
s'organiser avec des idées fortes et claires pour la révolution est encore
mieux.
Quand on est contre ou lorsqu'on souffre des affres des tyrannies
africaines soutenues par l'Occident et par nombre de "puissances émergentes",
partir et s'abriter en Occident, peut être vu comme une forme de solution. Faire
le tour des villes et villages occidentaux pour ramasser les anciens lits, les
anciennes télévisions, les voitures d'occasion, les comprimés inutilisés voire
périmés, les ordinateurs abandonnés...et les envoyer en Afrique peut être pris
pour une forme de solution. Mais quelles solutions?
Le temps est donc
arrivé de rompre avec les révolutions sur internet depuis les salons lointains
pour une véritable révolution en Afrique noire à l'image de celle en cours au
Maghreb.
Komla KPOGLI