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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
28 juin 2010

CULTURE

Rites et valeurs traditionnelles: quand les funérailles se transforment en fêtes

Source : Autres presses : Dernière Mise à jour : 05/05/2010 (Auteur : )

Dans nombre de traditions africaines les obsèques sont des occasions où les personnes décédées sont célébrées selon l’estime ou encore l’importance qu’elles inspiraient. Ainsi pour leur rendre un dernier hommage, leurs familles, amis et connaissances se soumettaient à plusieurs obligations, transformant du coup les obsèques en de véritables festivités populaires.

Pour vous, nous avons mené une investigation pour mieux comprendre les motivations de ces rituelles ruineuses. « Oui à mes pères et non à mes frères.

La civilisation universelle est une chimère », tels sont les propos qu’interprétait Pacéré Titinga dans son œuvre poétique : ‘’quand s’envolent les grues couronnées’’, qui l’opposaient ainsi à Tchicya U’tamsi et Charles Nokan qui, eux refusaient de se référer aux traditions africaines. Contrairement à ses deux compères, Pacéré Titinga rendaient ainsi hommage aux valeurs ancestrales, y compris les funérailles qui caractérisent celles-ci. Malheureusement, ces pratiques surannées tendent à fragiliser l’équilibre financier de certaines familles qui, après l’organisation des obsèques d’un être cher.

En effet, à la faveur de funérailles dans la plus part des régions de l’ouest ivoirien, ce sont de véritables qui donnent lieu à des ripailles et à des bombances de toute sorte. Sous le fallacieux prétexte de venir assister la famille éplorée, des personnes commencent alors à converger vers le lieu des funérailles même si les dates officielles de celles-ci ne sont pas encore connues. Débutent alors le calvaire des enfants ou proches de la personne décédée qui, en attendant l’organisation pratique des obsèques, sont obligés de nourrir au quotidien tous les hôtes venus pleurer avec eux, l’illustre disparu. « Il arrive même des fois où, en plus de la nourriture qui leur est servie régulièrement, chose pratiquement rare dans les villages d’où ils viennent nos hôtes nous réclament l’accompagnement, qui peut être soit la bière, soit le vin. Nous sommes contraints à satisfaire tous leurs menus caprices au risque de déshonorer la mémoire de notre père qui faisait partie de la notabilité du village », a déploré S. K. Augustin fils d’un notable de Dema, dans la commune de Vavoua que nous avons rencontré lors de la veillée funèbre de son père à la célèbre place Cp1 du bloc célibataire à Yopougon Sicogi.

En dehors des obligations de nourriture auxquelles les organisateurs de funérailles sont soumis, il leur est souvent demandé de payer le transport retour des hôtes qui sont venus les aider dans ces moments de grande tristesse. De la veillée au transfert du corps, la grande liesse Lorsqu’elles ont lieu dans une grande ville comme Abidjan ou Gagnoa, et même dans un village, les veillées funèbres finissent par se transformer en véritable liesse populaire. C’est aussi des occasions de grandes retrouvailles pour certains amis de longue date qui s’étaient perdus de vue il y a bien longtemps amis. Ces moments sont aussi des occasions de rencontre pour quelques amoureux en mal d’âme sœur.

« C’est pendant la veillée funèbre d’un patriarche dans un village voisin que j’ai rencontré celle qui est aujourd’hui devenue mon épouse », a avoué B. Mathias avec un sentiment de fierté. La plupart des veillées qu’il nous a été données de visiter, se caractérisaient par une ambiance des jours de grandes festivités, avec à la clef la présence d’artistes de renom pour égayer les nombreuses convives chez les plus fortunés. Cette atmosphère festive a fait rebaptiser les veillées funèbres dans la ville de Gagnoa qui arborent désormais la dénomination de ‘’Tonnerre’’, émission populaire du réalisateur John Chain Sombo qui s’est aussi illustrée par son caractère totalement festif où les artistes se succèdent devant le public des différentes régions où elle se tient.

A ces veillées de rencontre les retrouvailles se font le plus souvent autour d’une table de bière où Bacchus est plus célébré que le défunt pour lequel tous s’étaient pourtant réunis. Le lendemain de ces grandes beuveries accompagnées de pas danse, c’était le départ vers le village du défunt pour l’ultime adieu. Plusieurs véhicules étaient alors mis en location pour tous ceux qui voulaient effectuer le déplacement du village. Composés majoritairement de femmes, les passagers qui prenaient place à bord des cars ressemblaient à des passagers ordinaires qu’à des personnes qui allaient accompagner un défunt à sa dernière demeure. Tous étaient parés de leurs plus beaux habits ou d’ensemble de deuil en souvenir du disparu. « L’on nous reproche souvent de trop aller aux funérailles. Il y en a même qui nous accuse d’aller rencontrer nos ‘’doubéhis’’ dans les villages pendant le déroulement des obsèques de nos parents. Ce qui est pratiquement faux, dans la mesure où ne pas se rendre aux obsèques d’un parent est mal vu dans nos villages. Toute chose qui peut être interprétée comme une défiance à nos coutumes », s’est justifiée L. Justine et de déplorer : « j’ai une sœur qui a été répudiée parce que son mari lui reprochait de trop se rendre au village pour participer aux funérailles ». Des factures trop lourdes Si les funérailles en pays Bété, Gouro, Soukouya ou Wè obéissent au respect de certaines valeurs ou rites traditionnels, il est à déplorer que leurs coûts élevés sont souvent la cause du retard des populations du centre-ouest qui engloutissent des fortunes, rien que pour des funérailles. Il est constaté que les lendemains de funérailles sont très difficiles pour tous ceux qui avaient perdu leur parent. Ils en sortaient avec de lourdes dettes ou encore c’étaient de pauvres dames qui perdaient leur mari. Chose d’autant malheureuse qu’elle fait aujourd’hui envier les populations du nord quant à leur soft manière d’organiser les funérailles qui n’a rien à voir avec les excès du centre-ouest.

Idrissa Konaté

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