vendredi 22 janvier 2010 par LIBERTE 

Après l’affaire du drame du Cabinda, s’il y a un sujet qui a fait l’actualité ces derniers jours, c’est bien celui du forfait de Gilchrist Olympio de la course à la magistrature suprême et son remplacement par Jean-Pierre Fabre, et particulièrement l’agitation du leader de l’Union des Forces de Changement (UFC). C’est une crise ouverte qui a éclaté au grand jour, au grand désarroi des populations. Il était à redouter que le parti n’implose, compromettant ainsi l’alternance tant attendue. Mais plus de peur que de mal, tout semble rentrer dans l’ordre.

En effet à quelques jours de la clôture du délai de dépôt de candidature à la présidentielle de 2010, l’annonce de l’indisponibilité de Gilchrist Olympio est faite. Le candidat investi par son parti ne peut pas descendre à Lomé pour satisfaire aux besoins de la visite médicale, cloué aux Etats Unis d’Amérique par un mal de dos. Ce forfait réveilla des appétits au sein de l’UFC.

Deux camps formés autour du Secrétaire général Jean-Pierre Fabre et du 1er Vice-président Patrick Lawson se mettent à disputer la candidature. Tous les coups étaient permis. Au finish c’est le Secrétaire général qui a pris le dessus et c’est lui qui a déposé sa candidature. On croyait le problème définitivement réglé, mais c’était compter sans l’ego du Président national du parti.

La candidature de Jean-Pierre Fabre ne rencontrait pas son agrément. Le linge sale n’a pu être lavé en famille, la division se révéla au grand jour. L’opposant historique gribouilla une lettre ouverte qu’il adressa à la Nation. Dans la lettre il faisait savoir qu’à l’instant « T » il demeure le candidat investi par son parti et que son cas reste à l’étude auprès des autorités pour l’acceptation éventuelle de son dossier. Cette sortie jeta un coup de froid au sein du parti et dans l’opinion. Elle était inopportune et pouvait entraîner des conséquences graves.

Le parti était au bord de l’implosion, la scission étant officielle. D’un côté les partisans qui se sont ralliés à la candidature de Jean-Pierre Fabre, de l’autre les fidèles du Président national qui le suivent dans sa croisade. Cette guerre stupide compromettait aussi les chances d’alternance en février prochain car c’est le parti phare de l’opposition autour duquel doit se bâtir toute stratégie qui connaissait ces moments difficiles.

Cette crise compliquait davantage le débat sur la candidature unique de l’opposition, quoi de plus normal que les populations s’en inquiètent. Pendant ce temps, c’est le camp au pouvoir qui jubilait.

Selon les sources proches du parti, les partisans de la croisade semblent retrouver la raison. Comme dans toute lutte de domination où le calme revient lorsqu’un camp prend le dessus, c’est le camp de Jean-Pierre Fabre qui l’emporterait. En tout cas le Secrétaire général séduirait davantage de militants.

Au cours d’une réunion du parti tenue mercredi, le « putschiste » aurait été accueilli par des hourras des militants. « Jean-Pierre Fabre Obama ! Jean-Pierre Fabre Président ! » aurait scandé la foule. On compterait parmi ces admirateurs des partisans qui étaient aux premières heures dans le camp du Président national.

De jour en jour donc, Jean-Pierre Fabre séduirait de monde et sa candidature recevrait l’aval des partisans, et c’est le camp d’en face qui sera obligé de capituler. Il est ainsi rapporté que le frondeur principal serait de moins en moins opposé à sa candidature et que des démarches multiples sont entreprises pour le persuader totalement de la légitimité de la candidature de Jean-Pierre Fabre et recueillir son onction.

C’est donc la sérénité qui semble revenir dans la maison UFC, ce qui justifierait le fait qu’il n’y ait plus eu d’autres actions significatives de la part du frondeur en chef à part la lettre ouverte du vendredi 15 janvier qui a fait couler tant d’encre et de salive.

Cette sérénité aurait même déjà permis de reprendre des tractations pour la candidature unique de l’opposition. Un plan de stratégie serait déjà en phase d’élaboration autour du substitut de fait et des rencontres prévues avec les partis majeurs de l’opposition.

Voilà qui devrait soulager plus d’un Togolais assoiffé d’alternance. Mais la seule fausse note est que le candidat du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) Me Yawovi Agboyibo ferait toujours de la fixation autour du fameux retour de l’ascenseur.

Tino Kossi