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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
12 janvier 2010

source: Liberté Hebdo

Présidentielle 2010 /
Caution au régime Faure /§/ Olusegun Obasanjo pour reprendre son rôle lugubre de 2005 ?

L’information avait circulé ce mardi, faisant état de ce que la cérémonie de présentation de vœux de ce jour a été écourtée et que Faure Gnassingbé a précipitamment quitté les lieux.

En l’absence de toute explication officielle, ce sont les supputations qui ont pris le pas. Chacun est allé de son commentaire, les plus dramatiques donnant le chef de l’Etat victime d’un malaise. Mais on apprendra plus tard que la cause de cette interruption inopinée était la visite à Lomé de l’ancien Président nigérien Olusegun Obasanjo.

Et revoilà Obasanjo !

En effet, l’ex-homme fort nigérian était dans nos murs ce jour, et il fallait donc pour le « Leader nouveau » le recevoir. Quelle était alors l’importance de cette visite au point qu’il faille écourter la cérémonie de présentation de vœux ? Pas grand-chose en fait. En tout cas difficile de cerner les contours de la visite, si elle était privée ou officielle.

Olusegun Obasanjo a déclaré tout de go être venu présenter ses condoléances à son pair togolais suite au décès de son frère, allusion faite à la disparition de Ernest Gnassingbé. L’hôte nigérian enchaînera qu’il est aussi préoccupé par le processus électoral. Obasanjo a dit y tenir beaucoup et déclaré qu’aucun couac ne doit remettre en cause l’effort de démocratie fait par Faure Gnassingbé.

Ces propos concernant le processus ont fait tiquer plus d’un Togolais. On se demande tout d’abord à quel titre est venu Olusegun Obasanjo. Rien ne dit qu’il a reçu mandat d’une quelconque organisation sous-régionale ou continentale. C’est donc assez intrigant d’entendre l’homme parler ainsi.

Le bon sens est choqué quand Obasanjo parle d’effort de démocratie de Faure Gnassingbé, dans le cadre du processus en cours. Car la préparation du scrutin du 20 février prochain est loin d’être des plus idéales.

Préparation calamiteuse

Les réformes institutionnelles et constitutionnelles recommandées par l’Accord Politique Global (APG) et devant créer les conditions d’une élection démocratique et apaisée sont ignorées ou bâclées.

C’est Faure Gnassingbé et son parti le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) seuls qui définissent les règles du jeu. Tout est entrepris pour maintenir le scrutin à un tour et le pouvoir a réussi à mettre de son côté le Facilitateur Blaise Compaoré. La révision des listes électorales qui est un paramètre de transparence est bâclée. Les irrégularités constatées sont énormes.

Elles ont été relevées par les deux partis de l’opposition parlementaire qui exigent la reprise pure et simple de l’opération. Malgré tout, Faure Gnassingbé qui clame vouloir organiser en 2010 une élection à la ghanéenne a convoqué le corps électoral sur le 28 février.

Cette dynamique de forcing crée des frustrations au sein de la classe politique et du peuple. La tension monte de part et d’autre et le climat se surchauffe. L’Union des Forces de Changement (UFC) menace de se retirer du processus. Une telle situation est préjudiciable à la quiétude du scrutin. Et c’est malheureusement ce qui fait jubiler Olusegun Obasanjo.

La grande conséquence est que ces déclarations de l’hôte nigérian pourraient bien doper Faure Gnassingbé et les siens à continuer dans leur dynamique de verrouillage du processus. On a bien peur que Obasanjo n’ait repris par cette visite le rôle lugubre joué en 2005.

Comme en avril 2005 ?

Il nous souvient qu’aux premières heures après l’annonce officielle de la « catastrophe nationale » et le putsch constitutionnel suivi de la montée au trône de Faure Gnassingbé qui voulait terminer le mandat de son tout nouveau défunt père, Olusegun Obasanjo se faisait le Jacques Verges de la légalité constitutionnelle. Avec le mandat de Président de l’Union Africaine, il exigeait le retrait de Faure Gnassingbé et l’organisation d’une élection. L’hôte nigérian s’était résolument mis du côté du peuple.

A l’époque des indiscrétions avaient couru faisant état de ce que Obasanjo serait prêt à ordonner une intervention militaire au Togo pour déloger Faure Gnassingbé du pouvoir, et qu’il aurait même saisi le parlement nigérian à cette fin. Mais quelques jours seulement ont suffi pour le voir changer de position.

Obasanjo est devenu la caution première du clan Gnassingbé. La période préélectorale était à l’époque assez mouvementée et ne présageait rien de bon. La préparation du scrutin du 24 avril 2005 était catastrophique. On savait qu’il n’allait jamais être démocratique et augurait de violences.

L’opposition à l’époque avait appelé la CEDEAO et l’UA à requérir son report. Mais Mamadou Tanja et Obasanjo étaient restés impassibles à ces appels. A 48 heures de l’élection le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et patron de l’Administration électorale de l’époque, François Akila-Esso Boko a révélé le plan de massacre prévu, pensant ainsi dissuader ces décideurs.

Mais c’était peine perdue. Le scrutin a été maintenu au 24 avril, et c’est un lourd tribut que le peuple a payé. Un millier de Togolais furent tués, près de 5000 blessés et 60.000 autres envoyés sur le chemin de l’exil. Voilà ce qu’avait coûté le parti pris d’Olusegun Obasanjo.

A l’époque, ce sont les intérêts qui l’avaient fait changer de camp et cautionner le hold-up électoral. Selon les indiscrétions, c’est la France chiraquienne qui aurait ramolli les ardeurs de Obasanjo. La contrepartie de sa caution de la succession filiale était l’annulation de la dette du Nigeria et une place au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Ce sont les promesses qui auraient prévalu au virage d’Olusegun Obasanjo. Sa caution avait dopé le clan Gnassingbé qui a foncé comme dans du beurre. Et le prix payé a été lourd pour le peuple. On a bien peur que ce ne soit le retour de l’« assassin » sur les lieux du crime, avec la visite et les déclarations proFaure de l’hôte nigérian.

Tino

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