31 décembre 2009

Sénouvo Agbota ZINSOU

Voeux 2010

C’est un grand honneur que me fait la rédaction de Togocity et aussi une agréable occasion qu’elle m’offre, en me demandant de formuler mes voeux pour l’année 2010 à ses lecteurs et à travers eux à tous nos compatriotes, ceux du pays comme ceux résidant à l’étranger. Je commencerai par leur souhaiter, par nous souhaiter la santé, non pas parce que cela est de tradition, mais parce que nous allons en avoir besoin, santé du corps et bien-être de l’âme dans les semaines et les mois qui viennent surtout. Les maux qui risquent de nous ravager si nous n’y prenons garde sont, je crois, ceux de la résignation devant des évènements et une situation que nous ne souhaitons pas du tout ou au contraire de la perte de tout contrôle de soi, de réactions aveugles devant ces évènements et cette situation.

L’homme simplement pétri de nos traditions appellerait cela : rencontrer le diable comme premier personnage en sortant le matin de chez soi. Que nous ne rencontrions donc pas le diable au matin de l’an 2010 en sortant de chez nous. Chacun comprend qu’il s’agit de ce qui va se passer au Togo et au sein de la diaspora togolaise en février-mars 2010, ce dont l’idée nous préoccupe en ce moment, nous fait sursauter de jour comme de nuit quand elle vient nous traverser l’esprit. Je dirai donc que sur le plan politique, notre souhait de santé du corps et de l’âme pour devenir une réalité, passe par une condition primordiale : que tous ceux qui projettent, cyniquement, de prendre le pouvoir par la violence, la force, la ruse, la tricherie, le mensonge, la violation de la loi fondamentale de la République togolaise, la Constitution de 1992 voulue par le peuple, que tous ceux-là échouent dans leur entreprise !

Bien entendu, il ne nous suffit pas de prononcer cette imprécation contre eux. Il nous faut agir aussi en conséquence, pour effectivement ils échouent. Diogène (413-327 av. J.-C. ), nous dit-on, se promenait en plein jour dans les rue d’Athènes, une lanterne à la main et criait :" Je cherche un homme ". Je pourrais prendre un autre exemple tiré de notre tradition, comme la Tortue ( non pas forcément celle de ma pièce ) mais celle que connaît tout Togolais, tout Africain nourri de notre symbolisme et donc qui sait que pour beaucoup de nos compatriotes, ceux qui se complaisent dans le mensonge, la tricherie, la démagogie, la violence comme moyens de conquête et d’exercice du pouvoir, cette Tortue a cessé de chanter depuis longtemps.

Que chaque citoyen s’arme donc de sa lanterne, ou se fasse accompagner de sa Tortue pour chanter dans toutes nos villes et dans tous nos villages ainsi qu’auprès de nos concitoyens de l’étranger : " Je cherche un Homme-Président " Un Homme qui n’a jamais versé une seule goutte de sang d’un concitoyen ou simplement d’un autre homme. Un Homme qui n’a jamais été complice d’une manière ou d’une autre de ceux qui versent le sang de nos concitoyens.

Un Homme qui n’a jamais volé les deniers publics et qui n’a jamais été complice de ceux qui volent les deniers publics. Un Homme qui ne va pas transformer la chose publique en propriété personnelle, familiale, clanique, ethnique, régionale. Un Homme qui ne va pas trahir les idéaux et valeurs de la nation togolaise.

Un Homme qui va veiller à ce que la santé, le bien le plus précieux de tout homme soit la priorité dans notre société, et donc que médecins, infirmiers, sages-femmes, gardes-malades, matrones, accoucheuses soient sur toute l’étendue du territoire, dans des centres bien équipés pour garantir á tous, aux riches comme aux pauvres, aux grands comme aux petits, cette santé.

Un Homme qui veillera pour que hommes et femmes, grands et petits, surtout les plus jeunes bénéficient de l’éducation, de la formation de meilleure qualité possible.

Un Homme dont le mandat signifiera pour tous les citoyens, ceux résidant au pays comme ceux établis à l’étranger dignité, liberté, bien-être.

Nous demandons trop à cet homme ? Nous ne lui aurions rien demandé si lui, le premier, n’avait pas commencé á nous demander de prendre une décision, la plus lourde de conséquence, la plus grave qui soit : lui confier nos destinées.

Et si, munis de nos lanternes ou en compagnie de notre Tortue, faisant le tour du Togo nous ne trouvons pas un tel Homme, il nous appartient de nous poser la question de savoir si cela vaut la peine d’aller dans un bureau de vote, de prendre un bulletin et d’entrer dans l’isoloir pour le glisser dans l’urne.

Et, après avoir décidé de voter ou non, il nous appartient aussi de tourner la lanterne sur nous-mêmes ou de nous tourner vers notre Tortue et lui demander si oui ou non, nous avons décidé et agi selon notre décision en Homme libre et non pas comme un animal guidé par des instincts( attrait pour les biens matériels, vanité des postes...) , ni comme un objet qui se vend, que l’on vend, que l’on achète, que l’on manipule, que l’on utilise, que l’on jette après utilisation. Là aussi, nous pouvons nous dire que nous n’en demandons pas trop á nous-mêmes. C’est juste là ce que chaque citoyen, chaque homme doit exiger de soi-même.

Voilà les voeux très simples que je formule pour nous tous, au moment d’entrer dans cette année 2010.

Sénouvo Agbota ZINSOU