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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
4 novembre 2009

Hommage à Me Siméon Occansey : un avocat engagé

Hommage à Me Siméon Occansey : un avocat engagé contre la dictature togolaise

Avocat inscrit au barreau de Lomé, Me Siméon Kwami Occansey faisait partie des avocats admirés pour leur verve oratoire, leur passion du réquisitoire. Lors de la Conférence nationale de Juillet- Août 1991 à Lomé, le « colosse » s’était révélé un délégué baroudeur. L’avocat doublé du combattant des droits de l’homme et des libertés, avait foi en l’instauration de la démocratie au Togo. Une foi restée inébranlable jusqu’à son dernier soupir le samedi 4 novembre 2000, dans sa 61e année. Contraint à l’exil, mort comme ses collègues et illustres prédécesseurs Guy Adjété Kouassigan décédé le 24 mai 1981 à l’âge de 47 ans et Noé Efoé Kutuklui le 8 mars 1988 dans sa 61e année. Adulé par la jeunesse, Siméon Kwami Occansey, s’en est allé lui aussi sans voir son rêve se réaliser : la démocratisation du Togo. Il laisse à la postérité un ouvrage intitulé « Si Eyadèma m’était conté »

Par Ekoué Satchivi


Cinq ans déjà! C’est à Aflao, bourgade ghanéenne frontalière de Lomé, que Me Siméon Kwami Occansey, meurt le samedi 4 novembre 2000. Fuyant les affres de la dictature togolaise, il s’était exilé au Bénin puis au Ghana, en janvier 1993, après les tueries de la Place Fréau et la descente punitive des hommes en tenue dans le grand quartier de Bè. Tellement craint, il donnait des sueurs froides à la dictature militaire d’Eyadéma. Les hommes liges du régime RPT, plus particulièrement feu Koffi Panou, monta une rocambolesque histoire, l’accusant d’avoir assassiné Mamva N’Kélé, chargé d’affaires du Gabon à Lomé. Ce fut l’occasion d’un show médiatique du pouvoir devant des membres du corps diplomatique ahuris par cette grossière mascarade. Quelques jours plus tard, la police ghanéenne arrêta le véritable coupable qui circulait à bord de la Mercedes volée du diplomate assassiné.

Né le samedi 18 février 1939 à Lomé, Siméon Kwami Occansey, homme de grande culture, à la stature imposante meurt le samedi 4 novembre 2000 à Aflao (Ghana) et ne sera inhumé que le samedi 25 novembre 2000 au cimetière de Big Ada en territoire ghanéen, où se trouve sa lointaine origine.

Docteur en Droit, il a fait ses études à la Faculté de Strasbourg en France et un stage au barreau de Colmar. Revenu Togo dans les années 70, Me Occansey, inscrit au barreau de Lomé a dispensé des cours à l’Ecole de Droit de l’Université du Bénin, rebaptisée aujourd’hui, Université de Lomé. Ayant plaidé au cours de plusieurs procès politiques au Togo, Me Occansey connaissait très bien le circuit socio-politique de son pays. Il faisait partie du groupe d’avocats qui ont protesté pendant trois jours contre l’intrusion de la garde prétorienne d’Eyadèma, le 5 octobre 1990 au Palais de justice de Lomé, lors du procès Logo Dossouvi- Doglo Agbélenko. Militant des droits de l’homme, il était le Président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques (LTDHP). C’est sous le couvert de cette association qu’il participa aux travaux de la Conférence nationale togolaise de Juillet-Août 1991 à Lomé. Me Occansey était de ces délégués qui poussèrent la contestation à son paroxysme. Il avait donné le ton lorsqu’il était question de choisir les membres du bureau provisoire de ces assises. Par son intervention, le choix du doyen Namoro Karamoko, et du moins jeune des délégués Brigitte Kafui Adjamagbo fut plus probant.

Présidant le Præsidium de la conférence nationale, Mgr Philippe Fanoko Kpodrzo informa les délégués par une affaire troublante. Il était question de la préparation d’une série de troubles à Lomé avec en prime, des attentats contre les opposants au régime. Ces révélations furent soutenues par maître Occansey. Dominant la salle par sa grande taille et sa voix de stentor, Me Occansey, avec un courage rare, nomma un certain Ponthieux, de nationalité française, qui serait l’un des mercenaires dont la mission avait été de diriger les opérations. Ce dernier, selon Me Occansey, résidait à l’hôtel Le Bénin, situé en bordure de mer et rebaptisé Hôtel Ibis Centre. En défenseur des représentants du peuple, l’avocat asséna ses vérités, pointa du doigt trois membres du gouvernement d’Eyadèma présents dans la salle. Il s’agissait de feu Yao Vivien Komlanvi ministre de l’Intérieur, Maurice Dahuku Péré ministre du Travail et de la Fonction Publique et Messan Gabriel Agbéyomé Kodjo ministre de la culture de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Interpellés, ces derniers démentirent l’information. Cet épisode suscitant une émotion, chez Agbéyomé Kodjo dont chacun se souvient.

Me Siméon K. Occansey avait toujours en rêve le changement politique au Togo. N’ayant pas voulu créer de parti politique, il avait tout simplement mis son intelligence, sa compétence et son énergie au service de la démocratie. Il croyait à l’aboutissement de son rêve, par la dénonciation des méthodes viles de la dictature togolaise. L’avocat fit ainsi les frais de l’exil. Le colosse aurait souffert de fièvre typhoïde et de diabète. Aux derniers instants de sa vie, il s’était interrogé sur les nouvelles du Togo.

Des hommes de la trempe de Siméon Kwami Occansey, manquent à la lutte démocratique. Il a rêvé et lutté pour un Togo libre et démocratique. La démocratie, ce système qui assure la participation des choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler les gouvernants, ou de les remplacer de façon pacifique, reste une chimère pour le Togo et les Togolais.

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