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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
16 février 2009

SOURCE SUD ONE LINE

LE POETE AMADOU LAMINE SALL

« Que la Maison des esclaves ou la chaloupe de Gorée soient baptisées Joseph Ndiaye »

par APS , mercredi 11 février 2009 |

Le poète Amadou Lamine Sall a suggéré que le nom de Joseph Ndiaye soit donné à la maison des esclaves ou à la chaloupe assurant la liaison maritime entre Dakar et Gorée, estimant que le défunt conservateur ‘’était notre justice’’ et comme telle il ‘’nous manquera’’.

’’Peut-être lirons nous un jour sur un écriteau : +maison des esclaves Joseph Ndiaye+ ou sur la coque de la chaloupe de Gorée : +Le Joseph Ndiaye+. Puissions-nous ne pas avoir la mémoire courte et l’oubli facile ! Cela nous ressemble si souvent’’, écrit le poète sénégalais dans une contribution dont copie a été transmise à l’APS.

‘’+Pa JO+ comme on l’appelait affectueusement nous a laissés quelque chose que l’argent ne peut pas procurer. (…). Il y avait certes Gorée, mais il y avait aussi Joseph Ndiaye. L’on venait de loin pour voir et entendre le vieux Jo, prendre une photo historique avec lui. Voir Gorée sans voir Joseph, était ressenti comme une immense déception’’, souligne Amadou Lamine Sall dans ce texte intitulé : ‘’Boubacar Joseph Ndiaye : De Gorée à Cambérène toujours la mer’’.

Selon lui, ‘’la présence de Joseph Ndiaye dans la vie de la maison des esclaves de Gorée ne relevait pas d’une fatalité mais d’un vrai destin. La fatalité est ponctuelle, passagère, hasardeuse. Le destin est inévitable, irréversible. L’île de Gorée était la veine de son cœur’’.

’’Il me donnait l’impression d’un messie qui, chaque matin, grimpait la montagne malgré ses vieilles jambes pour clouer sa parole sur le monde, afin que l’on sache ce qui est arrivé et qui ne doit plus être. Il aimait le peuple noir. Il aimait tous les peuples de paix. Il écrivait lui-même ses propres maximes, ses propres poèmes. Il a porté l’histoire de l’esclavage comme une blessure et savait que personne ne guérirait cette blessure sinon son propre combat de tous les instants pour que personne ne puise dire nulle part : je ne savais pas’’, écrit encore M. Sall Lauréat des grands Prix de l’Académie française.

Le destin de Boubacar Joseph Ndiaye, ‘’qui l’a conduit jusqu’à la maison des esclaves comme conservateur et qui a fait de lui l’icône qu’il est devenu, me touche et me fascine comme l’expression d’une condition humaine qui, justement, parce qu’elle n’était pas faite pour être hors du commun, a pourtant atteint des limites hors du commun’’, fait-il valoir, avant d’ajouter : ’’On m’a raconté que Joseph Ndiaye fut le premier parachutiste noir sur Dien Bien Phu, la plus furieuse des batailles de la cruelle guerre d’Indochine. Qu’il soit revenu de cet enfer est un signe du destin. Je revois sa vie’’.

’’Je l’aimais le Vieux Jo. Je le respectais. Il fut un Grand Monsieur. Il a accompli sa mission au-delà de ce que l’on pouvait espérer d’un vieux militaire, sorti d’une guerre féroce, légendaire, et venu prendre entre ses dents, d’une mâchoire ferme, l’histoire énorme d’une maison de Gorée dont le nom est présent partout où les océans déposent leurs vagues, partout où les nègres de toutes les couleurs se réveillent chaque jour de leur vie face à eux-mêmes et à l’appel de l’Afrique’’, écrit encore Amadou Lamine Sall.

’’Il n’exigeait pas de créance, ne réclamait pas de dette, ne demandait pas de peser l’usufruit. Joseph Ndiaye réglait son compte aux bourreaux par sa seule existence, par son unique et inlassable plaidoirie. Il était notre voix à tous. Il était notre justice. Il nous manquera. C’était un homme du refus, mais un refus qui ne rejetait pas le pardon’’, conclut le poète.

Depuis qu’il a été engagé en 1962 par l’Etat sénégalais comme conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, Joseph Ndiaye n’a jamais cessé de conter avec talent, passion et engagement, l’enfer quotidien des esclaves détenus dans cette île avant d’être expédiés en Amérique. Sous ses ordres, Gorée a été inscrite en 1978 au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Décédé vendredi à l’âge de 87 ans des suites d’une longue maladie, Boubacar Joseph Ndiaye a été inhumé le lendemain au cimetière de Cambérène, dans la proche banlieue dakaroise.

Aps

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