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KANLENTO-AVULETE "vaillant combattant, nous devons lutter"
31 décembre 2008

DERNIERE OUVRAGE DE L'ANNEE 2008-BONNE ANNEE A TOUS

Maitre Jean Dégli au ton conciliant !

Togo : A quand l’alternative parue en 2007 aux Editions L’ Harmattan de Maître Jean Yaovi Dégli est un livre qui a éclaboussé son auteur et un avocat au nom de Boko, avant même sa publication. A ce dernier, l’auteur avait demandé des informations de premières mains et inédites afin de rédiger son ouvrage. Le refus de Me Boko et la réaction de M. Degli a engendré une vive polémique révélatrice sur leur passé de collaborateurs du régime Eyadema, en tant qu’anciens  ministres. Par correspondances échangées, ces deux avocats se sont accusés, l’un dévoilant la collaboration de l’autre et  vice-versa.

En effet, Me Dégli pense que Me Boko en tant qu’ancien ministre de l’intérieur, a le devoir de répondre aux questions de tout citoyen qui voudrait la lumière sur ses services du temps où il était en fonction. En d’autres termes, sa sollicitation se situait dans le cadre de ses recherches documentaires pour la rédaction de son bouquin.

En revanche, Me Boko, sans ambages, accuse son confrère Dégli d’être encore à la solde des services de Lomé 2. Car, à son a avis, en tant qu’ancien ministre de l’intérieur, ce sont les services de renseignement togolais, Lomé 2 qui serait les inspirateurs du livre de Me Degli.    En fait, une accusation gravissime !

Cette polémique n’a pas découragé Dégli. Ainsi,  dans le dernier trimestre 2007 peu après les élections législatives togolaises d’octobre, ‘ Togo : A quand l’alternative politique est sorti de presse. Ce livre fort volumineux (550 pages) dont l’une des missions était de guider le choix des électeurs togolais est sorti malheureusement après coup.

Quant au contenu du livre, il y a lieu de dire que l’auteur s’est attardé sur la conférence nationale, ses acquis et les enseignements à tirer de ce forum.  Est-il que l’auteur tire de façon globale un bilan négatif de cette grande messe. Par ailleurs, une quarantaine de pages sont consacrées sur la querelle avec Boko. (Page 179 à 217).Pourtant en note de bas de page 215, Me Jean Dégli dit de Boko que l’individu se donne ainsi tellement de l’importance et essaye de se cacher derrière des paravents pour ne pas répondre de ses actes négatifs ou en donner des explications.

Ensuite, une bonne partie la plus importante en nombre de pages concerne Faure Gnassingbé et sa prise de pouvoir monarchique. Pour l’auteur, la gestion du fils d’Eyadema pourrait apporter un peu d’espoir. A la page 448, Me Jean Dégli dit textuellement ce qui suit ‘Que se soit en ce qui concerne les évènements et personnages historiques, l’image du pouvoir, le respect des droits de ‘homme et la promotion des libertés publiques, quelque chose a objectivement bougé durant les premiers mois de règne du nouveau président de la République qui semble vouloir prouver ce qui a été une des paroles favorites dès son installation au pouvoir « moi c’est moi, lui c’est lui », c'est-à-dire la différence entre lui et son feu père.’ Enfin, un grand chapitre est réservé aux enjeux des élections législatives d’octobre 2007.

Soulignons que ce qui frappe dans cet ouvrage à première vue, c’est la présence de nombreuses annexes et les documents de la conférence nationale, les résolutions des organisations de la communauté internationales comme le parlement européen, la déclaration des évêques du Togo et les documents liés à la polémique avec Boko.

Me Dégli, dans ce livre, très conciliant ne voulant ni choquer ni déranger personne. Dans la conception de cette modeste œuvre, il n’y a ni rancune ni haine ou animosité contre qui que se soit (.).Malheureusement ces dires peuvent heurter ou égratigner certaines personnes.que celles-ci trouvent ici l’expression de toutes nos excuses et soient persuadés que l’intention qui est derrière ces propos n’est nullement de leur nuire mais de contribuer à rechercher efficacement des solutions pour les problèmes qui minent la Terre de nos aïeux. Page. 7.

Comment le démocrate convaincu et patriote de surcroit ne peut-il pas être choqué face à la tragédie et au génocide des peuples du Togo ? Comment le démocrate ne peut il pas prendre position pour la justice, la vérité et la défense des droits de l’homme et des libertés démocratiques. L’on a le droit d’interpeller Me Jean Dégli après lecture de son ouvrage sur sa position réelle dans la crise politique togolaise : calcul d’un politique ?

Dans tous les cas, ses propos expliquent à coup sûr ses prises de positions éclectiques. Ce manque d’audace est contraire à l’idée que l’on a d’un défenseur des droits humains comme Me Dégli.

Sur la diaspora, Me Jean Dégli qualifie une partie des Togolais comme des réfugiés économiques. Or notre juriste oublie bien que c’est la dictature qui a fabriqué ces milliers d’exilés qu’ils soient réfugiés politiques et ou économiques.

Sur les acteurs politiques togolais entre autres, Me Jean Dégli identifie Edem Kodjo au « grand frère » et à un usurpateur du pouvoir qui a pris la place de Me Agboyibo avec ses six ministres pour devenir premier ministre de la dictature.  Edem Kodjo, c’est aussi celui là, qui a rendu, lors de son allocution de premier ministre à l’occasion de la présentation des vœux en 2005, les hommages profonds et mérités de l’homme d’Etat, du faiseur de nation qu’il (Eyadéma) fut et qu’il demeurera. Page 51. Par ailleurs, Jean Dégli qualifie le premier ministre de la transition Joseph Kokou Koffigoh alias Jokoko, de faux démocrate, un homme qui place son idéal de l’exercice du pouvoir comme principale priorité. Jokoko n’aura pas tenu le coup face à Eyadema. Jokoko aura courbé l’échine et accepté le joug de l’homme du 13 janvier, passant à l’ennemi, avec armes et bagages .Page 53.

La conquête du pouvoir n’intéresse guère Joseph Kokou Koffigoh. Car la conquête du pouvoir nécessite plus d’effort.(Pages 53-54                                                                                                                                                                                                                                             ).D’un autre côté, Jean Dégli salue la bravoure et l’acte courageux de Gabriel Agbéyomé et de Dahuku Péré pour avoir osé parler de rénover le RPT et de le rendre plus démocratique et plus utile à la Terre de nos aïeux. (Page 232).

Sur la réconciliation au Togo, l’auteur de Togo : A quand l’alternative ? S’exprime en ces termes : c'est ce qu'ont compris les Sud Africains quand ils n'ont pas cherché à poursuivre Frederik De Klerk et ceux qui ont été les dirigeants de l'époque de l'apartheid. Il y a des moments où il faut savoir choisir entre la paix et la vengeance, même légale, ou la paix et la justice. Si l'absolution de Faure Gnassingbé se révélait demain comme le prix à payer pour que le Togo se libère de la dictature, pourquoi pas ? En tout cas telle est notre position pour cette Terre de nos Aïeux qui a assez souffert comme ça et pour le sauvetage de laquelle nous n'avons pas pour le moment la possibilité de renverser l'ordre établi dans une révolution. Si nous sommes capables de faire la révolution nous pouvons penser à la vengeance. » Fin de citation Page 454-455. La situation politique actuelle du Togo semble s'être considérablement éloignée de la révolution prônée au début de la lutte et au moment où personne ne parlait encore de processus démocratique en Afrique. » Page 11

L’Afrique du Sud reste l'Afrique du Sud. On peut s'inspirer de l'expérience de lutte des autres peuples cependant chaque peuple a sa particularité et ses spécificités. Nous ne pouvons pas comparer le Togo à l'Afrique du sud. Le camp RPT n'est pas prêt pour une quelconque réconciliation car il continue de brandir et de faire usage de la force. En aucun cas, révolution ne veut signifier vengeance. La révolution est plus que d'actualité au Togo pour renverser l'ordre établie depuis la nuit funeste du 13 janvier 1963.

Pour conclure son ouvrage Me Jean Dégli affirme entre autres à la page 455 : Ce n’est pas parce que ce combat a des difficultés à aboutir pour le moment qu’on doit s’accommoder et que nous n’avons pas la possibilité de renverser l’ordre établi qu’il faut tout se permettre. Surtout que le peuple togolais profond croit en sa victoire tôt ou tard sur le vilain et avilissant ordre et système de répression multiforme mis en place depuis des décennies au Togo.

Ici, Jean Dégli se trompe et nous trompe aussi. Car nous sommes en dictature et les tenants de ce système d’oppression doivent être combattus. Sans concession aucune. Dans ce cas, si l’objectif du livre est d’éclairer le peuple, il va falloir l’aider à travers des analyses justes et claires, à identifier ses bourreaux et ses ennemis. Le peuple togolais aspire à un vrai changement et vient encore de le démontrer à travers les dernières élections législatives, sanctionnant dans les urnes ceux qui sont des affamés et des ‘’podosants’’ des « ventocrates », nouveaux riches.

Ce qui frappe dans cet ouvrage c’est la présence de nombreuses annexes et les documents de la conférence nationale, les résolutions des organisations de la communauté internationales comme le parlement européen, la déclaration des évêques du Togo et les documents liés à la polémique avec Boko.            

A quand l’alternative au Togo est un livre qui mérite d’être lu pour son aspect documentaire en raison des annexes, des pièces et actes qui s’y trouvent. Au Togo, c’est bien de la direction et l’orientation politique du mouvement démocratique togolais qui est en partie responsable de l’échec que nous connaissons.

L’alternance et le changement  ne seront une réalité qu’à la seule condition de les vouloir. Tout est question de temps et d’une organisation efficace sous une saine direction éclairée. Ce qui est sûr et plus certain comme le lever du jour, c’est que le règne des sauvages et de l’arbitraire passera. La question que tout bon démocrate doit se poser est de savoir : « comment y arriver » ? Et quand ? en 2010 ?

Note de lecture de Togo : A quand l’alternative de Maître Jean Yaovi Dégli

Editions L’Harmattan 2007

Maurice Mouta Wakilou GLIGLI-AMORIN

Bruxelles, le 31 décembre 2008.

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